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La maladie de la vache folle pourrait provenir de restes humains

Près de vingt ans après la découverte des premiers cas en Grande Bretagne, l'origine exacte de la maladie de la vache folle, ou encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), reste un mystère. Mais pour deux chercheurs britanniques, elle pourrait trouver sa source dans de la nourriture contaminée avec... des restes humains importés du sous-continent indien. Selon cette hypothèse audacieuse, formulée dans la revue médicale "The Lancet", la nourriture contaminée provenait du sous-continent indien, où les hindous déposent les corps de leurs proches dans le Gange.

Les premiers cas d'ESB ont été signalés en 1986 en Grande-Bretagne. Mais on ignore toujours, vingt ans après, comment les bovins ont contracté la maladie. Première hypothèse, la plus répandue, ils auraient développé une forme bovine de la maladie après avoir été nourris avec des aliments contenant des restes de moutons infectés par la tremblante. Autre hypothèse, ils auraient développé spontanément l'ESB.

Or, deux chercheurs britanniques, dont Alan Colchester, un professeur en neurosciences de l'Université du Kent, viennent d'apporter une nouvelle pierre à l'édifice. Selon eux, la maladie pourrait avoir été transmise par des aliments contaminés par des restes humains eux-mêmes touchés par la maladie de Creutzfeldt-Jakob, l'équivalent de l'ESB chez les humains.

La Grande-Bretagne a importé plusieurs centaines de milliers de tonnes d'os destinés à servir d'engrais ou de nourriture animale dans les années 1960 et 1970. Près de la moitié de ces ossements provenait du Bangladesh, de l'Inde et du Pakistan, affirment les deux scientifiques. "En Inde et au Pakistan, recueillir les os et carcasses dans la terre et les rivières est un commerce important pour les paysans", écrivent-ils. Pour les hindous, les restes humains doivent être déposés dans une rivière ou un fleuve, de préférence le Gange. "L'idéal est de brûler le corps mais la plupart des gens n'ont pas les moyens d'acheter suffisamment de bois pour une incinération complète (...) De nombreux cadavres entiers sont jetés dans le fleuve", affirment les auteurs de l'étude.

Des chercheurs indiens en neurologie de l'Institut national de santé mentale et de neurosciences de Bangalore (Inde) ont reconnu que cette hypothèse méritait d'être examinée mais ont appelé à la prudence. Susarla Shankar et P. Satishchandra rappellent ainsi dans "The Lancet" que les proches des patients décédés de la maladie se voyaient conseiller d'enterrer leurs morts ou de les incinérer. Même à Bénarès, ville sainte au bord du Gange, "la plupart des hindous ne mettent pas des corps à moitié brûlés dans la rivière", affirment-ils. En outre, concluent-ils, si les cadavres retrouvés dans le Gange avaient la maladie, le nord de l'Inde serait confronté à une importante épidémie.

BBC

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