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Maladie d’Alzheimer : une approche de stimulation sensorielle efficace chez la souris

Une thérapie associant la stimulation sensorielle, à la fois auditive et visuelle, peut-elle être efficace contre la maladie d’Alzheimer ? Il faut d’abord savoir que chez les patients souffrant d’Alzheimer, les ondes gamma du cerveau sont altérées. Ces ­ondes reflètent la synchronisation de ­l’activité de certains neurones dans une bande de fréquence comprise entre 30 et 80 hertz. Elles semblent essentielles pour l’attention, la perception, la mémoire…

D’où l’idée des chercheurs : quels seraient les effets, chez des souris prédisposées à développer la maladie, d’une stimulation sensorielle dans cette bande de fréquence ? Par exemple, une lumière intermittente de 40 hertz – comme la lumière stroboscopique d’une discothèque ? A cette stimulation visuelle, ils ont ensuite couplé une stimulation sonore de même fréquence.

Résultats : chez les souris, « lorsque nous avons combiné ces stimulations visuelle et auditive, à raison d’une heure par jour durant une semaine, nous avons observé une réduction spectaculaire du nombre de plaques amyloïdes [un des deux types de lésions du cerveau, caractéristiques de la maladie d’Alzheimer] », ­résume Li-Huei Tsai, du Massachusetts Institute of Technology (MIT).

Ces travaux montrent également que les troubles de la cognition et de la mémoire des rongeurs se sont améliorés. Cette stratégie « a un potentiel thérapeutique énorme dans les maladies du cerveau liées à une inflammation », estime Nancy Kopell, de l’Université de Boston, qui n’a pas participé à ces travaux.

Cette nouvelle thérapie agirait en mobilisant des cellules immunitaires propres au cerveau, nommées microglies. Elles peuvent détecter, détruire et digérer les ­envahisseurs (microbes), voire favoriser la cicatrisation après une lésion. Chez les souris traitées, « les cellules de la microglie s’empilent les unes sur les autres autour des plaques, c’est impressionnant », observe ­Li-Huei Tsai.

Dans ces cellules, les gènes de l’inflammation sont inactivés. Comme si ce traitement permettait à la microglie de mieux combattre l’inflammation, en se gavant des signaux qui déclenchent la formation des lésions. La microglie participe aussi au remodelage des synapses, ces connexions qui permettent aux neurones de se mettre en réseau.

Quelles ont été les conséquences cognitives ? Les souris réussissaient bien mieux à retrouver leur chemin dans un labyrinthe et reconnaissaient mieux des objets déjà rencontrés. Etonnamment, ce traitement améliorait aussi les performances de souris âgées non prédisposées à l’Alzheimer – mais pas celles de jeunes souris en bonne santé. En revanche, si les chercheurs attendaient une semaine, après le traitement, pour tester les ­animaux, ils ne voyaient plus d’amélioration – ce qui suggère que le traitement ­devrait être maintenu.

« La méthodologie de ces recherches est convaincante. Et les résultats sont très étonnants », reconnaît Alain Bessis, directeur de recherche au CNRS et professeur attaché à l’ENS (Paris). « L’équipe est tout à fait crédible et ces résultats aussi ». Reste à présent à reproduire ces bons résultats chez l'homme, ce qui suppose de nouvelles études cliniques sur encore plusieurs années. 

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

MIT

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