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L'étalement urbain, une plaie pour l'environnement

Jadis concentrées derrière leurs remparts, les villes ne cessent désormais d'étendre leurs banlieues tentaculaires, dévorant l'espace et bétonnant la terre, multipliant les atteintes à l'environnement et menaçant la biodiversité. Dans son dernier rapport quadriennal, l'Institut français de l'environnement (Ifen) tire la sonnette d'alarme sur le recul préoccupant des espaces naturels en France, irrésistiblement grignotés par les lotissements, zones d'activités et routes.

Les zones artificielles couvrent désormais 8 % du territoire métropolitain alors que, dix ans auparavant, elles n'en couvraient que 7 %, une augmentation qui représente chaque année 60.000 hectares perdus, selon le ministère de l'Ecologie. Une évolution qui est due plus encore au mode de vie des Français qu'à la croissance démographique, explique Guillaume Sainteny, directeur des études économiques et de l'évaluation environnementale.

Il évoque le rêve du pavillon individuel, l'aspiration à vivre au vert, l'individualisation des modes de vie, l'augmentation de la surface des logements, la recomposition des familles, sans compter la flambée de l'immobilier qui oblige les familles à faible revenu à s'éloigner de plus en plus des centres-villes pour trouver un logement adéquat.

Résultat, le modèle de ville à l'américaine, très étalée, se développe rapidement sur le vieux continent, pourtant historiquement composé de villes compactes. Or "la ville dense est le modèle le moins polluant et le plus économe en espace, en énergie, en temps et en coût", fait remarquer l'Ifen. Car l'étalement de la ville renforce la dépendance à l'automobile, avec pour corollaire, toujours plus d'émissions de gaz carbonique (CO2), principal gaz à effet de serre responsable du réchauffement climatique. Les grandes villes très étalées des Etats-Unis, telles que Houston ou Los Angeles, connaissent une consommation de carburant par habitant 5 à 7 fois plus élevée que les métropoles d'Europe ou d'Asie, comme Amsterdam ou Hong-Kong, selon les économistes australiens Peter Newman et Jeffrey Kenworthy.

"Les grandes agglomérations entraînent au plan environnemental une concentration de nuisances : artificialisation des sols, congestion et pollution de l'air liées aux transports, bruit, pollution des eaux superficielles, risques liés à la présence d'activités industrielles dans le tissu urbain, importante production de déchets ...", résume l'Ifen.

Ce mouvement, irréversible, génère des coûts environnementaux mais également des coûts de développement d'infrastructures - transport, branchements d'eau et d'électicité - sans parler des coûts sociaux liés à l'exclusion des personnes non motorisées et aux problèmes de santé engendrés par la pollution.

La biodiversité est la première victime de ce recul de la nature. De nombreuses espèces sont menacées en France, comme les vertébrés, et d'autres, hier banales, pourraient devenir rares, comme les populations d'oiseaux communs qui ont reculé de 27 % depuis 15 ans en milieu agricole, selon l'Ifen. "L'espace urbain se dilate et la ville diffuse colonise le monde périurbain, à tel point qu'il paraît de plus en plus difficile de réfléchir à l'évolution des territoires en séparant l'urbain du rural", avertit l'institut. La Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale (Datar) avait déjà mis en garde contre les risques d'une urbanisation des campagnes dans une étude prospective publiée en 2003 ("Quelle France rurale pour 2020").

IFEN

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