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Les insectes, bifteck de l'avenir

L'entomophagie présente, selon ses promoteurs, de multiples avantages. Les qualités nutritionnelles des insectes sont grandes. Ils contiennent des protéines, des lipides, des minéraux (zinc, fer), des vitamines, parfois plus que la viande ou le poisson. Et ils ont un bien meilleur rendement que le bétail traditionnel. "Il faut 10 kg de nourriture végétale pour produire 1 kg de boeuf, explique Arnold Van Huis, entomologiste à l'université de Wageningen (Pays-Bas). Alors qu'il en faut seulement un ou deux pour les insectes comestibles."

Ils ont également besoin de beaucoup moins d'eau. Or 70 % des terres arables et 9 % de l'eau douce sont aujourd'hui consacrées à l'élevage, qui est en outre responsable de 18 % des émissions de gaz à effet de serre, selon la FAO. Quant aux poissons sauvages, ils sont souvent surexploités. Et les poissons d'élevage sont nourris avec... du poisson sauvage. Comment nourrir, dans ces conditions, les 9 milliards d'habitants de la planète en 2050 ?

Disponibles en grande quantité à l'état sauvage, ils sont aussi faciles à élever, car ils peuvent se reproduire rapidement dans des espaces fermés (le confinement permet de prévenir d'éventuelles pollutions). Les espèces les plus productives pourraient donc devenir une sorte de "mini-bétail".

Quelque 1 400 espèces sont consommées en Afrique, en Asie, et en Amérique latine : larves de coléoptères, fourmis, chenilles, criquets, chrysalides des vers à soie, punaises, cigales, grillons, araignées, scorpions... (Avis aux amateurs, cependant, comme pour les champignons ou les végétaux, tous les insectes ne sont pas comestibles.) La Chine, le Japon, la Thaïlande, l'Afrique du Sud, le Mexique figurent parmi les plus importants consommateurs.

"Dans certains cas, il s'agit de plats de fête ou d'amuse-gueules très appréciés, dans d'autres les insectes sont nécessaires à la survie, souligne Nicolas Cesard, ethnologue, spécialiste des relations entre hommes et insectes. Selon M. Vantomme. "L'élevage d'insectes pourrait fournir des aliments, mais aussi du travail dans les sociétés rurales", estime M. Vantomme, qui cite l'exemple du Laos, où cette activité se développe.

Les spécialistes espèrent aussi progresser dans les pays occidentaux. Tout est selon eux une question de "psychologie". "Il suffit de goûter pour recommencer", disent les amateurs. Pourquoi délaisser les insectes quand on consomme du miel, des escargots, des grenouilles ou des huîtres ? Leur saveur est souvent comparée à celle des fruits de mer ou des noisettes. Dans l'Antiquité, les Romains appréciaient les chenilles.

Autre potentiel considérable : utiliser le "mini-bétail" pour alimenter le gros. "Les insectes pourraient par exemple remplacer les huiles et farines de poissons sauvages dans l'alimentation des poissons d'élevage", affirme M. Vantomme. Bien que peu connue, la pratique existait en France jusqu'aux années 1980, sur les bords de la Saône, où les éphémères, de petits insectes volants, étaient récoltés et utilisés dans les rations animales. Des essais très concluants ont en outre déjà eu lieu dans des élevages porcins.

LM

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