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Greenfib : un nouveau matériau 100 % biosourcé pour un monde sans plastique

En 2022, c’est dans une nouvelle étude signée par plus de 14 scientifiques dans la revue Environmental Science et Technology qu’on apprenait que l’Humanité venait de franchir la cinquième limite planétaire, celle de la pollution chimique, dont le plastique. Selon les chercheurs du Stockholm Resilience Center, la production de produits chimiques a été multipliée par 50 depuis le début des années 1950. Elle devrait même encore tripler d’ici 2050. À elle seule, la production plastique a augmenté de 79 % entre 2000 et 2015 rapportent les chercheurs. Quant à la masse totale de plastiques présents sur Terre, elle est plus de deux fois supérieure à la masse de tous les mammifères vivants. Environ 80 % de tous les plastiques produits finissent dans l’environnement quand seulement 10 % du plastique fabriqué sont recyclés.

Passer à une économie circulaire est vraiment important. Cela signifie changer les matériaux et les produits afin qu’ils puissent être réutilisés et non gaspillés, concevoir des produits chimiques et des produits capables d’être recyclés, et mettre en place un bien meilleur traçage des produits chimiques concernant leur sécurité et leur durabilité tout au long de leur chemin d’impact dans le système terrestre.

La matière qui pollue le moins est celle que l'on ne produit pas. Fort de ce principe, Luc Ménétrey, opticien et inventeur du Greenfib, a longtemps réfléchi au recyclage des paires de lunettes que l’on abandonne au fond de nos tiroirs après quelques années d’utilisation. Il y a quinze ans, c’est par le biais de missions humanitaires en Afrique qu’il donnait une deuxième vie à ces montures. S’il répondait à un besoin, la réponse était toutefois décevante d’un point de vue écologique, déplaçant seulement la pollution des lunettes usagées sur un autre continent.

C’est la matière elle-même qu’il fallait inventer. Une matière 100 % biosourcée qui n’utiliserait aucune ressource qui puisse faire concurrence à l’alimentation humaine ou animale. Sa matière idéale, il l’a trouvée dans la graine de ricin. Une plante que l’on trouve en Inde, qui pousse sur des terres semi arides où rien d’autre n’arrive à pousser et qui ne demande pas plus d’eau que celle de la mousson. De cette graine est extraite de l’huile dont on fait un polymère, le Rilsan. La société Arkema en produit depuis des années et c’est la matière de base du Greenfib.

Dans la formulation qu’il a mise au point avec le laboratoire Valagro de Poitiers, Luc Ménétrey a rajouté des poudres minérales extraites des déchets de l’ostréiculture bretonne et du talc d’Ariège et des farines végétales non alimentaires comme le roseau d’Indre. Autant d’ingrédients naturels produits en France qui donnent à ce nouveau matériau breveté un atout supplémentaire. Sans adjuvant chimique, le Greenfib possède de nombreuses qualités : ultra solide, léger, durable et recyclable, il peut servir à la fabrication de nombreux objets remplaçant avantageusement le plastique pétrosourcé.

Le Greenfib est un matériau qui a une stabilité de trente ans et comme il est recyclable au moins 3 fois, on a 120 ans devant nous. Mais pour tirer profit de ses qualités, il faut de la cohérence dans les usages. Si on a un objet fait d’une matière durable qui sera jeté au bout deux jours, il sera incinéré et tout le potentiel sera parti en fumée. L’entreprise est donc résolue à suivre une démarche responsable en trouvant des débouchés qui sont à ses yeux durables.

Greenfib n’est pas une entreprise industrielle, elle ne produit pas mais elle propose ses formulations aux entreprises à la recherche d’un matériau 100 % biosourcé. Depuis la rentrée dernière, 40 000 paires de lunettes ont été fabriquées par la marque nantaise Oxo en Greenfib, qui sont commercialisées dans l’enseigne mutualiste Ecouter Voir. Les contrats se multiplient et le Greenfib se niche un peu partout. Vous l’avez peut-être déjà vu dans les décorations de Noël des villes de Bordeaux ou de Besançon ou encore en lunch box dans les magasins  Biocoop ou en stylos à bille d’une fameuse marque française.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

France Culture

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