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Un général de l'armée française s'inquiète de l'indépendance informatique du pays

Lors de son intervention au cours du premier Symposium de l'information et de la communication qui s'est tenu du 10 au 12 juin à Rennes, le général Jean-Louis Desvignes, ancien chef du service central de la sécurité des systèmes d'information et actuel commandant de l'Ecole supérieure et d'application des transmissions (l'ESAT, chargée de former les informaticiens de l'armée), a fait part de ses inquiétudes face à la tendance que suivent certaines technologies de l'information. Il a notamment évoqué la restriction du périmètre de la vie privée et le besoin de recourir plus massivement aux logiciels libres. "Le périmètre de notre vie privée s'est rétréci comme peau de chagrin, davantage encore depuis le 11 septembre 2001, et ce n'est pas fini", a déclaré le général Jean-Louis Desvignes, lors de l'ouverture du symposium. Concernant les abus de certaines technologies en matière d'intrusion dans nos vies privées, il a souligné le rôle important de la Commission nationale informatique et libertés (Cnil). "Souvent décriée pour les contraintes qu'elle impose à tous les concepteurs de systèmes informatisés, elle est aussi notre rempart", a-t-il déclaré. Un rempart dont les membres doivent exercer leur vigilance sans relâche. Jean-Louis Desvignes a aussi fait part de son inquiétude face à l'arrivée des futures techniques "anti-piratages" signées par les poids lourds américains Microsoft et Intel. Rappelant que le projet de tatouage des microprocesseurs par un identifiant unique avait finalement été abandonné par Intel suite à "une levée de boucliers des mouvements libertaires", le général constate que, depuis le 11 septembre, le procès antitrust contre Microsoft s'est soldé par un "deal" et que "le gendarme du monde ne s'embarrasse plus de scrupules pour assurer sa sécurité". C'est dans ce contexte que se profile l'arrivée de nouvelles techniques destinées à lutter contre le piratage sous toutes ses formes, qui visent à contrôler l'utilisation des PC. Parmi ces techniques, le projet d'"alliance pour une informatique de confiance" (Trusted Computing Platform Alliance, en VO), développé par Intel et couplé au logiciel Palladium de Microsoft (logiciel que Microsoft veut incorporer dans les futures versions de Windows et qui s'installera dans les futures machines TCPA). S'appuyant sur l'analyse de Ross Anderson, universitaire anglais mondialement réputé pour ses compétences en matière de sécurité informatique, Jean-Louis Desvignes souligne que "les conséquences de ces innovations peuvent être extrêmement lourdes, autant en termes économiques qu'en termes de souveraineté des Etats ou de libertés individuelles". Si la suprématie des américains en matière de technologies de l'information est une réalité tangible, notamment avec la prédominance des logiciels de Microsoft et des processeurs Intel et AMD (qui participe aussi au projet TCPA), il n'en va pas de même dans d'autres secteurs : "Nous avons réussi dans les domaines de l'énergie nucléaire, de l'aéronautique et de l'espace, à gagner notre indépendance, pourquoi ne tenterions-nous pas de conquérir notre autonomie dans les technologies de l'information ?" Pour le général, cette indépendance passe par le recours aux logiciels libres. Le général persiste à penser qu'un recours aux logiciels libres est possible et serait hautement bénéfique, "tant en termes de coût que de confiance". Alors que la migration de nombreux ordinateurs militaires vers Windows XP est prévue, Desvignes estime que l'administration devrait justement donner l'exemple, mais aussi que le recours aux logiciels libres "prendrait plus de sens s'il était réellement soutenu à l'échelle de l'Union Européenne".

Transfert : http://www.transfert.net/a8955

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