RTFlash

TIC

La future télé numérique fera du neuf avec du vieux

Le Conseil supérieur de l'audiovisuel avait reçu vendredi 22 mars au soir, à la clôture de son appel, 69 dossiers de chaînes candidates à l'un des 33 canaux numériques en diffusion hertzienne. Les chaînes retenues, annoncées fin juillet, pourront théoriquement commencer à émettre début 2003. Soixante-neuf dossiers pour 22 canaux à attribuer , huit chaînes étant réservées d'office au service public et trois à des chaînes locales ou associatives désignées dans un appel d'offres ultérieur : le choix peut sembler large pour le CSA qui a la responsabilité de sélectionner des programmes suffisamment attractifs pour amener le public à la TNT. A y regarder de plus près, le nombre élevé de dossiers cache en fait la grande prudence des opérateurs à se lancer dans l'aventure. Quinze chaînes gratuites. Les projets ambitieux de chaînes nouvelles, pensées spécifiquement pour la TNT, sont rares. Les candidats ne se bousculent pas pour figurer, aux côtés des chaînes publiques, dans l'offre gratuite que chaque foyer pourra recevoir à condition de s'équiper d'un décodeur (autour de 150 euros). Le CSA, qui espère arriver à un total de quinze chaînes gratuites, a donc dans ce domaine un choix des plus réduits. La loi garantit à TF1 et M6, dès lors qu'elles sont candidates, l'attribution d'un canal pour la diffusion de leur programme en numérique. Reste donc au CSA cinq chaînes en clair à choisir parmi treize candidatures, dont quatre sont en concurrence sur le créneau d'une chaîne musicale, et six émanent du seul groupe AB un même opérateur peut détenir un maximum de cinq autorisations, mais on voit mal AB obtenir le monopole de l'offre privée en clair. Ce faible enthousiasme des opérateurs, et particulièrement des acteurs "historiques" TF1 et M6, traduit leur scepticisme quant à la viabilité du nouveau paysage. La diffusion numérique coûtera près de huit fois moins cher que la diffusion analogique. Mais un financement reposant exclusivement sur la publicité suppose un large bassin d'audience. Pour les sceptiques, l'offre gratuite, majoritairement constituée de chaînes publiques, n'incitera guère les foyers à faire la dépense d'un décodeur, et la masse critique d'audience ne sera jamais atteinte. Les éditeurs candidats ont donc majoritairement choisi de reproduire pour leur diffusion hertzienne le modèle de commercialisation par abonnement de chaînes déjà installées sur le câble et le satellite. Le risque économique est limité au surcoût du réseau de diffusion hertzien : de l'ordre de 3 millions d'euros par an pour la première étape de déploiement assurant une couverture de 50 % du territoire, soit tout de même presque la moitié du budget d'une chaîne comme Odyssée, mais qui peut être compensé par l'élargissement du portefeuille d'abonnés. A condition que les chaînes payantes du numérique terrestre réussissent à séduire les 75 % de foyers français qui, à l'heure actuelle, ne sont abonnés ni à Canal Plus, ni à TPS ou CanalSatellite, ni au câble. Reste la question du distributeur commercial. Si Canal Plus avait pu apparaître comme le candidat unique à cette fonction, il semble aujourd'hui plus prudent : ses propres chaînes candidates à la TNT ont "vocation à être distribuées par le groupe Canal Plus Pour les autres, c'est ouvert", confie Marc-André Feffer, vice-président du directoire. TPS, de son côté, devrait distribuer ses propres chaînes. Les investissements à consentir pour recruter des abonnés à la TNT refroidissent les ardeurs des candidats au rôle de distributeur commercial, échaudés par les faillites annoncées de l'opérateur espagnol Quiero TV ou du britannique ITV Digital.

Tribune :

http://www.latribune.fr/Tribune/Online.nsf/Articles/20020325176592?OpenDocument

Noter cet article :

 

Vous serez certainement intéressé par ces articles :

Recommander cet article :

back-to-top