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Une étude confirme le rôle de la pollution dans le cancer du poumon

Une vaste étude française confirme le risque de développer un cancer broncho-pulmonaire imputé à la pollution atmosphérique, en l’occurrence les particules fines. Les patients résidant dans des zones polluées ont 50 % de risque supplémentaire d’avoir un cancer du poumon présentant une mutation particulière, retrouvée chez environ 15 à 20 % des individus en bonne santé. Un cancer du poumon sur dix n’est pas provoqué par le tabac. Et ces cancers broncho-pulmonaires survenant chez des individus n’ayant jamais fumé progressent. Par exemple, en France, 12,6 % des cancers bronchiques étaient d’origine “non tabagique” en 2020 contre 7,2 % en 2000. Le principal facteur de risque de ces cancers est la pollution atmosphérique.

Établie par une étude anglaise décisive en 2023, cette relation entre la pollution atmosphérique (particules fines, en particulier celles de diamètre inférieur à 2,5 μm/PM2,5) et la survenue des cancers broncho-pulmonaires chez des non-fumeurs porteurs de mutations dans le gène EGFR (d’autres mutations existent) est désormais démontrée. Les particules fines “activeraient” certaines mutations génétiques pré-existantes dans le poumon sain, transformant ainsi une cellule pulmonaire normale en une cellule cancéreuse. L’une de ces mutations les plus fréquentes concerne le gène d’une protéine clé : l’EGFR (epidermal growth factor receptor). Or, cette mutation est présente dans 50 % des tumeurs broncho-pulmonaires chez les non-fumeurs, et moins de 5 % chez les fumeurs.

Dans l’étude française KBP-2020, durant un an, tous les cas de cancer du poumon diagnostiqués ainsi que les caractéristiques génétiques des patients ont été recueillis. « Cela a été l’opportunité d’étudier l’impact de la pollution sur le cancer du poumon afin de confirmer les résultats obtenus par l’équipe de recherche londonienne dirigée par Charles Swanton », indique le Professeur Alexis Cortot, pneumologue au CHU de Lille et coordinateur de l’étude. Pour sa 3e édition, KBP a inclus environ 9 000 patients. A chaque ville de résidence des patients a été associé un niveau d’exposition à différents polluants tels que les PM2,5, les PM10, l’ozone, le dioxyde d’azote, les radiations ionisantes (radon). Les mutations favorisant les cancers ont été recherchées (EGFR, ALK, ROS, KRAS…). Les résultats montrent qu’il existe bien un lien entre l’exposition aux particules fines PM2,5 et la proportion de mutations EGFR parmi les cancers bronchiques diagnostiqués, avec un risque égal à 1,5.

Par conséquent, les patients résidant dans des zones polluées ont 50 % de risque supplémentaire d’avoir un cancer du poumon présentant ce type de mutation. Ce niveau de risque est similaire à celui associé au tabagisme passif et 15 fois moindre à celui du tabagisme actif. La présence de mutations EGFR a été associée non seulement aux PM2,5, mais aussi aux PM10 et au dioxyde d’azote. Dans cette relation entre exposition aux particules fine PM2,5 et le développement de cancer bronchique "muté EGFR", les scientifiques ont mis en évidence l’implication de l’inflammation. Il existe un effet pro-inflammatoire de l’exposition aux PM2,5. Ainsi, ces polluants déclenchent une réaction inflammatoire qui favorise le développement de cellules pulmonaires qui hébergent des mutations potentiellement cancéreuses sur EGFR, et qui sont présentes chez environ 15-20 % de sujets en bonne santé.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

La Dépêche

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