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Dépression : vers une prise en charge différenciée selon le sexe

Avec 264 millions de personnes touchées dans le monde, la dépression est la maladie psychique la plus répandue. Ce trouble ne se limite pas aux seuls aspects psychologiques et implique de multiples facteurs, parmi lesquels des mutations et variations génétiques, encore mal connues.

Une étude américaine a mis en évidence un gène spécifique essentiel dans la régulation de l’humeur qui pourrait expliquer pourquoi la dépression touche davantage les femmes. En effet, ces dernières seraient deux fois plus à risque que les hommes. Alors qu’un patient sur cinq ne répond pas aux antidépresseurs, ces découvertes pourraient permettre de mettre en place des traitements plus efficaces.

On estime qu'environ un tiers des risques de dépression chez les deux sexes dont dus à des facteurs génétiques, et le reste à des facteurs environnementaux, principalement l'exposition au stress. Les gènes ANR non-codant long (ARNL) font quant à eux partie des facteurs épigénétiques.

Il s’agit de processus biologiques entraînant des modifications de l'expression des gènes qui ne sont pas causées par des changements dans les gènes eux-mêmes. Ici, pour évaluer la contribution de ces gènes dans la dépression, des chercheurs du Mont Sinaï, à New York (Etats-Unis), ont passé au crible des milliers de molécules candidates.

Grâce à la bio-informatique, ils ont pu réduire leur champ d’investigations au gène LINC00473. Ils l’ont alors exprimé dans les neurones de souris adultes et ont découvert que ce gène induisait une résilience au stress uniquement chez les femelles, qui est altéré dans la dépression féminine. Cela s’accompagnait par ailleurs de modifications de la fonction synaptique et de l’expression génétique. Dans le cortex cérébral des femmes, LINC00473 est régulé à la baisse, ce qui pourrait expliquer pourquoi ces dernières sont plus vulnérables face à la dépression, avancent les chercheurs.

« Notre étude apporte la preuve de l'existence d'une nouvelle famille importante de cibles moléculaires qui pourraient aider les scientifiques à mieux comprendre les mécanismes complexes qui conduisent à la dépression, en particulier chez les femmes », explique Orna Issler, autrice principale de l'étude.

« Ces découvertes sur les bases biologiques de la dépression pourraient favoriser le développement de pharmacothérapies plus efficaces pour lutter contre une maladie qui est la principale cause d'invalidité dans le monde ». Si les chercheurs se concentrent principalement sur LINC00473, ils étudient également d'autres gènes considérés comme de bons candidats.

En mars 2018, une étude canadienne avait déjà mis en lumière des mécanismes génétiques contribuant à la dépression de façon différente selon les sexes. En mesurant l’intensité d’expression des gènes dans le cerveau de personnes décédées alors qu’elles étaient en dépression, les chercheurs ont découvert que les gènes affectant la fonction synaptique s’exprimaient de manière plus forte dans le cerveau des femmes. Au contraire, les gènes affectant la fonction immunitaire s’activeraient plus vivement chez les hommes.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash 

Science Direct

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