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Découverte d'un gène retardant l'apparition des signes de la maladie d'Alzheimer

Une femme atteinte d’une forme génétique rare de la maladie d’Alzheimer a développé une perte de mémoire trente ans après l’âge supposé d’apparition des symptômes de la maladie. La présence dans son génome de deux copies du gène APOE3 Christchurch serait à l’origine de ce retard spectaculaire.

Ce cas unique en son genre vient d’être rapporté par une équipe de chercheurs de l’Université d’Antioquia en Colombie et de l’Hôpital Général du Massachusetts aux Etats Unis. Une de leur patiente est atteinte d’une forme génétique de maladie d’Alzheimer due à la présence d’une mutation du gène de la préséniline 1 (PSEN 1). Normalement, lorsque que l’on est porteur de cette mutation, on est sûr de développer une maladie d’Alzheimer précoce, débutant aux alentours de l’âge de 40 ans.

Cependant, cette patiente n’a commencé à montrer des signes de perte de mémoire qu’après son 70ème anniversaire, soit environ trente ans après l’âge théorique de début de la maladie. Intrigués par cette situation, les chercheurs ont réalisé différents types d’imagerie du cerveau pour évaluer la présence de plaques béta amyloïdes et de dégénérescence neurofibrillaire.

La patiente avait une quantité importante de plaques amyloïdes, ce qui est logique avec la mutation PSEN1, mais la dégénérescence était très peu marquée. C’est comme ci quelque chose avait limité la progression de la perte des neurones. Les chercheurs se sont alors penchés sur les différents gènes connus pour être associés avec les mécanismes de survenue de la maladie d’Alzheimer, les gènes des apolipoprotéines E (ApoE).

Ils se sont alors aperçus que les deux copies du gène de l’ApoE3 possédaient chacune la même mutation rare appelée « Christchurch ». Cette « double mutation » confère à l’ApoE3 une moins bonne capacité de fixation des protéoglycanes héparane-sulfate (HSPG) connues pour provoquer les lésions de la maladie d’Alzheimer comme l’agrégation de la protéine béta amyloïde. Cette moins bonne fixation aurait donc permis de ralentir le processus de développement de la maladie de la patiente sur plusieurs dizaines d’années.

Grâce à cette découverte, l’objectif serait de reproduire les effets de cette mutation génétique et envisager de faire reculer l’apparition des symptômes chez d’autres personnes avec ou sans forme génétique de la maladie d’Alzheimer. Pour l’instant, les chercheurs ont réussi à créer en laboratoire un anticorps capable de se fixer sur la zone de l’ApoE3 correspondante et ainsi empêcher une fixation optimale des HSPG.

L’étape suivante est de tester cet anticorps chez des souris avant de pouvoir éventuellement passer à l’Homme. Cette avancée ouvre donc de nouvelles perspectives pour continuer de chercher dans la voie des ApoE et à l’avenir trouver un traitement efficace pour lutter contre la maladie d’Alzheimer.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

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