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Les cellules CAR-T contre la sclérose en plaques

Des chercheurs de l'Université de Washington travaillent sur une immunothérapie à base de cellules CAR-T (Chimeric Antigenic Receptor – T), des lymphocytes T génétiquement modifiés, pour éliminer sélectivement les cellules pathogènes chez des souris modèles de sclérose en plaques (SEP) atteintes d'une maladie semblable à la SEP. Ces travaux suggèrent d’étendre à certaines maladies auto-immunes une approche qui a déjà fait ses preuves dans le traitement du cancer.

Il s’agit précisément de la thérapie anticancéreuse connue sous le nom de CAR-T qui a déjà révolutionné le traitement de certains cancers du sang depuis 2017. La thérapie utilise des cellules immunitaires génétiquement modifiées pour cibler les cellules cancéreuses et les détruire. Sur des souris modèles de sclérose en plaques (SEP), des chercheurs de Washington ont décidé d’utiliser la même stratégie pour éliminer les cellules indésirables qui causent l'auto-immunité.

L’un des auteurs principaux, le Docteur Chyi-Song Hsieh, professeur de rhumatologie, de médecine, de pathologie et d'immunologie résume ses résultats : « Nos cellules CAR-T s’avèrent très efficaces pour traiter la SEP chez les souris modèles de la maladie ». La thérapie CAR-T est basée sur les cellules T du système immunitaire, qui répondent aux menaces telles que les bactéries, les virus et les cellules cancéreuses en coordonnant une attaque immunitaire visant à éliminer les organismes étrangers et les cellules infectées ou cancéreuses. Mais, dans le cas des maladies auto-immunes, les cellules T confondent des cellules saines avec des cellules infectées et retournent leurs armes contre les propres cellules et tissus du corps. La SEP est ainsi caractérisée par des lymphocytes T "voyous" qui déclenchent la destruction de la myéline, l'enveloppe protectrice des nerfs. Au fur et à mesure que la myéline est dégradée, la communication entre le cerveau et la moelle épinière et le reste du corps devient peu fiable. Des symptômes se développent alors, dont la fatigue, la douleur, des picotements, des problèmes de vision et une perte de coordination. Des médicaments immunosuppresseurs peuvent annuler l'activité autodestructrice des cellules T voyous, mais ces médicaments suppriment également les cellules T utiles et exposent les patients à un risque d'infection.

Les thérapies CAR-T contre le cancer consistent à utiliser les propres cellules T d'un patient, les modifier de manière à ce qu’elles reconnaissent et attaquent les cellules cancéreuses et à les réinjecter dans le corps du patient. S’inspirant de l’approche contre le cancer, les chercheurs ont créé des cellules CAR-T équipées pour rechercher et détruire les cellules T voyous qui causent la SEP, tout en épargnant les "bonnes" cellules T qui protègent le corps. L’approche présente ainsi un grand avantage, elle évite les effets secondaires associés aux thérapies actuelles, explique l’auteur principal, le Docteur Gregory F. Wu, professeur agrégé de neurologie, de pathologie et d’immunologie : « Je pense que la maladie est totalement traitable et les cellules CAR-T constituent une voie vers de bien meilleures thérapies ».

Les chercheurs ont fabriqué des "appâts" ou molécules combinant un fragment d'une protéine présente dans la myéline avec une protéine qui active les lymphocytes T. Seules les cellules T qui ciblent la myéline pouvaient ainsi répondre à cette molécule hybride. Ensuite, la molécule a été chargée sur les cellules T tueuses et toutes les cellules T voyous qui ont "mordu" à l'appât ont été éliminées par les cellules T tueuses. La preuve de concept est ici apportée chez la souris modèle de SEP : la thérapie a permis d’empêcher la maladie chez celles qui n'avaient pas encore développé la SEP et réduit les signes cliniques chez celles qui présentaient déjà des effets neurologiques avancés. Les scientifiques travaillent toujours à l'amélioration des cellules CAR-T, pour les amener à tuer plus efficacement et à opérer plus longtemps mais ils sont convaincus du potentiel de l'approche CAR-T contre la SEP.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Science

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