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Cancer : améliorer l’efficacité de la chimiothérapie

Le cancer est une maladie complexe qui demeure très difficile à traiter de manière adéquate. Le type de tumeur, sa taille, sa localisation dans l’organisme ainsi que la nature des cellules qui la composent (ce qu’on appelle communément le stade), de même que l’état de santé général du patient sont tous des paramètres importants pour le choix de la meilleure stratégie de traitement.

La chimiothérapie représente une facette essentielle de plusieurs traitements anticancéreux, car l’administration de médicaments par voie intraveineuse permet d’atteindre les cellules cancéreuses disséminées dans l’organisme, ce qui est impossible par la chirurgie ou la radiothérapie. Par contre, les cellules cancéreuses parviennent la plupart du temps à acquérir une résistance à un traitement donné et il devient nécessaire d’utiliser des molécules ayant des mécanismes d’action différents pour attaquer la tumeur sur plus d’un front. Cette combinaison de médicaments permet d’améliorer l’efficacité du traitement en créant une synergie entre deux familles thérapeutiques distinctes, tout en permettant souvent d’augmenter la dose du traitement anticancéreux sans pour autant entraîner d’effets toxiques supplémentaires.

Malgré les avantages de la polychimiothérapie, cette approche demeure impuissante face à plusieurs types de cancer. La plupart des médicaments utilisés en chimiothérapie sont des poisons cellulaires extrêmement puissants qui endommagent l’ADN des cellules cancéreuses et les empêchent ainsi de se reproduire.

Mais, même si la très grande majorité des cellules tumorales meurent en présence de ces molécules, il est fréquent qu’une proportion d’entre elles réussissent à reprogrammer leurs mécanismes de survie et ainsi à résister à leur action toxique. En favorisant l’apparition de récidives ainsi que de métastases, cette résistance à la chimiothérapie est responsable d’une grande partie des décès causés par le cancer. Un des grands défis de la recherche sur le cancer est donc d’identifier les combinaisons de médicaments les plus actives contre les cellules cancéreuses, tout en réduisant au minimum l’apparition d’une résistance au traitement.

Un grand pas dans ce sens vient d’être réalisé par les travaux de chercheurs du MIT et de l’Université Harvard sur le cancer du sein appelé « triple négatif ». Ce type de cancer, qui représente environ 15 % des cancers du sein, se caractérise par une croissance très rapide, une résistance à la chimiothérapie et un faible taux de survie des patientes atteintes. Pour améliorer cette réponse thérapeutique, les chercheurs ont eu l’idée de tester plusieurs dizaines de combinaisons de molécules anticancéreuses, administrées conjointement ou l’une à la suite de l’autre. À leur grande surprise, ils ont obser­vé que le simple fait de décaler légèrement dans le temps l’administration des médicaments provoquait une grande différence dans l’efficacité du traitement.

Par exemple, alors qu’une combinaison d’un médicament anti-EGF (qui cible la croissance incontrôlée des cellules) et de la doxorubicine (un anticancéreux cyto­toxique) n’a que peu d’effet sur les cellules cancéreuses, l’administration de l’anti-EGF suivie, quelques heures plus tard, de la doxorubicine, tue la plupart des cellules tumorales ! Une analyse détaillée de la réponse des cellules à ce traitement a révélé que l’administration initiale de l’anti-EGF induisait une reprogrammation de l’expression des gènes de la tumeur, en particulier la réactivation d’une voie impliquée dans le « suicide » de ces cellules par le processus d’apoptose. En conséquence, la tumeur devient beaucoup plus sensible à des agents cytotoxiques comme la doxorubicine et peut être plus facilement éliminée par l’administration de ce médicament.

Le Journal de Montréal

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