RTFlash

La banquise arctique fond et se rétrécit à un rythme inquiétant

Sur l'Arctique, océan gelé du nord de la planète, on marche encore, mais pour combien de temps ? Trois études scientifiques parues en décembre tirent le signal d'alarme : la banquise arctique, immense pack de glace flottant de 14 millions de kilomètres carrés - mais moitié moindre à la fin de l'été -, fond sûrement et plutôt rapidement. Les deux premiers articles, parus dans l'hebdomadaire américain Science, analysent des données satellitaires accumulées entre 1978 et 1998. Le verdict est implacable : au cours de ces deux décennies, la banquise arctique a perdu en moyenne et par an la bagatelle de 37 000 kilomètres carrés, soit plus que la Belgique et le Luxembourg réunis (33 113 km²). Mais ce rétrécissement spatial se révèle faible si on le compare à l'amincissement que le pack arctique a subi au cours des dernières décennies. Pour mesurer l'épaisseur de la banquise, plus question de se servir des satellites qui manquent par trop de précision. Les chercheurs se sont donc tournés vers... les sous-marins. Jouant une sorte de remake de Vingt Mille Lieues sous les mers - mais cette fois sous les glaces -, une équipe de scientifiques américains a tiré profit des sonars qui équipent les submersibles à propulsion nucléaire de l'US Navy. De 1993 à cette année, le programme Scicex (acronyme de Scientific Ice Expeditions) a organisé six campagnes dans l'océan Arctique. Les résultats de trois d'entre elles viennent d'être publiés dans les Geophysical Research Letters, le journal de l'American Geophysical Union. L'océanographe Andrew Rothrock et deux de ses collègues de l'université de l'Etat de Washington, à Seattle, ont pu les comparer avec les relevés effectués au cours de plongées à caractère militaire accomplies entre 1958 et 1976. En une trentaine d'années, l'épaisseur moyenne de la banquise est tombée de 3,1 mètres à 1,8 mètre, soit une diminution de 40 %. L'homme est-il donc coupable ? Oui, répondent les auteurs d'une des études parues dans Science, qui ont soumis la diminution spatiale de la banquise à deux modèles climatologiques : il n'y aurait, selon eux, que 2 % de chances que la tendance observée depuis 1978 soit d'origine naturelle. En étendant l'analyse aux résultats recueillis sur le terrain depuis quarante-cinq ans, cette probabilité chute à un infime 0,1 % ! Jean-Claude Gascard, lui, reste plus prudent. " Le système climatique vit, il a des cycles que l'on commence seulement à comprendre un peu mieux, commente le chercheur français. Certains phénomènes ont une période de quelques années, d'autres sont décennaux ou pluridécennaux. Or plus la période est longue, plus les scientifiques sont gênés par les données. Actuellement, personne ne peut trancher sur les causes exactes du phénomène observé en Arctique. Cela dit, les activités humaines sont à un niveau tout à fait susceptible d'influencer la machine climat. "

Le Monde : http://www.lemonde.fr/article/0,2320,seq-2077-35738-QUO,00.html

Noter cet article :

 

Vous serez certainement intéressé par ces articles :

    Recommander cet article :

    back-to-top