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Les sciences cognitives confirment la dimension mimétique du désir

Pourquoi les enfants désirent-ils tous le même jouet quand il en existe d’autres tout aussi attractifs, voire identiques dans la pièce ? Ce phénomène, connu de longue date, s’appelle en fait le désir mimétique. Il a été initialement décrit par un philosophe français nommé René Girard dans les années 1960. L’objet n’est pas voulu seulement pour ses qualités intrinsèques, ses performances, son utilité, sa physionomie, mais parce qu’il est convoité par d’autres. Il s’agit en quelque sorte d’une contagion motivationnelle d’un individu à l’autre pour l’obtenir. Plus les gens s’intéressent à lui, plus il devient désirable.

Des chercheurs de l’Inserm ont souhaité décrypter les mécanismes cérébraux à l’origine de ce phénomène. Pour cela, ils ont étudié les comportements et l’activité cérébrale de 116 adultes âgés de 18 à 39 ans. Ils les ont installés dans des appareils d’IRM et ont diffusé des dizaines de petites vidéos présentant des objets différents, vêtements, accessoires, aliments, etc, convoités ou non. Par exemple, une part de gâteau montrée du doigt par un acteur alléché et la même part de gâteau délaissée sur une table dans une autre vidéo. A chaque fois, le sujet devait indiquer une "note de désirabilité" allant de 1 à 10 pour l’objet en question. Les résultats montrent que les objets convoités par d’autres, obtiennent de meilleures notes que ceux auxquels personne ne s’intéresse.

Grâce à l’imagerie par résonance magnétique (IRM), les chercheurs ont observé en parallèle l’activité cérébrale des sujets soumis à ces tests. Ils ont constaté deux phénomènes déjà connus. Le premier est l’activation d’une zone appelée système des neurones miroirs quand un sujet observe une action. « Cette région s’active dès qu’un individu fait un geste ou voit quelqu’un d’autre l’effectuer. Cela permet de comprendre l’action d’autrui », explique Mathias Pessiglione (Inserm U975), coauteur des travaux. Le second est l’activation d’une autre zone appelée système cérébral des valeurs si ce même sujet observe un objet séduisant.

Mais les auteurs ont constaté un troisième phénomène. Celui-là nouveau. Quand un participant observe un acteur voulant se procurer quelque chose, l’allumage du système des neurones miroirs stimule le système cérébral des valeurs. Par conséquent, la valeur accordée à l’objet augmente et le désir de l’obtenir également. « Le fait d’observer un individu voulant se procurer un objet augmente son propre désir pour cet objet », résume Mathias Pessiglione.

Ces travaux montrent bien que le désir est contagieux et à l’origine d’un mécanisme cérébral. « A ce titre, un dysfonctionnement des zones impliquées pourraient expliquer certains problèmes de sociabilité, par exemple chez des enfants autistes qui n’accordent pas la même valeur aux objets que les autres ou ne s’intéressent pas aux mêmes choses. Mais cela reste à démontrer », illustre Mathias Pessiglione.

Inserm

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