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La recherche industrielle française

A en juger par une étude publiée par nos amis d'outre-Manche, le poids spécifique de la recherche industrielle française dans le monde est très comparable à celui de la recherche industrielle britannique, c'est-à-dire moyen. L'étude du Département of Trade and Industry porte sur les 300 premières sociétés mondiales en termes d'investissements dans la recherche-développement (R&D). On ne compte que 18 groupes français dans ce peloton de tête (19 britanniques, 22 allemands, 69 japonais, 133 américains). Si l'on calcule le rapport entre le total cumulé des dépenses de R&D de nos entreprises et le total de leurs ventes (chiffres 1997), on obtient une intensité totale de la R&D de 4, ce qui est mieux que la Grande-Bretagne (2,5), mais moins que le chiffre pour l'ensemble des 300 sociétés (4,6). Si l'on fait la moyenne des intensités de chaque groupe industriel, les Français obtiennent comme les Anglais 4,9, mais la moyenne mondiale des 300 est 7,9 (10,8 pour les Américains, 6 pour les Allemands, 5,4 pour les Japonais). L'augmentation des dépenses de R&D entre 1996 et 1997 a été de 7 % pour les groupes français, ce qui est mieux que les Britanniques (5 %) mais moins bien que les autres: 9 % pour les Japonais, 10 % pour les Allemands, 17 % pour les Américains. Si l'on considère les poids lourds (dépense totale de R&D), on voit que le premier Français (Alcatel Alsthom) est 35e mondial. Il y a huit Français dans les cent premiers (voir tableaux p. 12). Quant à l'intensité de la R&D pour chaque firme, on constate que le premier Français, Aérospatiale, est 40e mondial avec 13,9. Le suivant est snecma avec 9,6, à la 68e place, suivi de près par Rhône-Poulenc. Tout cela n'est pas déshonorant, mais sans plus. Bien entendu, comparer des intensités de R&D a plus de sens à l'intérieur d'un secteur industriel donné. Ainsi Saint-Gobain, numéro un mondial des matériaux de construction, est crédité d'une intensité de 1,5, alors que ses rivaux font nettement plus. Dans la chimie, Rhône-Poulenc fait mieux que Hoechst et Bayer, mais deux fois moins que Monsanto ou Boehringer. Nous n'existons pas dans l'électronique grand public, dans l'instrumentation, et quasiment pas dans l'informatique, la pharmacie, les biotechnologies. En revanche GEC Alsthom est présenté comme leader dans sa catégorie (électricité), il est vrai définie étroitement. Dans l'automobile, Renault se situe, pour l'intensité, entre General Motors et Ford, mais Peugeot est en dessous. Le plus préoccupant est à l'évidence la très faible présence des groupes français dans les secteurs où l'intensité de la recherche est actuellement la plus forte: systèmes informatiques et biotechnologies. Ainsi par exemple: si l'on fait le total des dépenses de R&D des dix-huit entreprises françaises qui figurent dans ces 300, on obtient pour 1997 7,4 milliards de livres sterling. Pour une livre à 9,3 francs, cela donne 68,8 milliards de francs -- soit plus que le budget total de la recherche publique civile cette année-là, tous organismes et universités confondus (62,5 milliards). Alors qu'en 1994 la part de l'industrie dans le financement de la R&D française (militaire compris) était encore inférieure à 50 %, elle est désormais nettement supérieure. En bonne logique économique, la situation devrait continuer à évoluer dans cette direction. Nous sommes encore loin de l'Allemagne, dont l'industrie a financé en 1997 67 % de la R&D.

(La Recherche/septembre98)

http://www.larecherche.cie.fr/

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