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Les œstrogènes ont un effet indirect sur la croissance tumorale
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Les effets des œstrogènes sont nombreux et ne se limitent pas à la fonction reproductrice ou à l’apparition des caractères sexuels secondaires à la puberté. Malgré des données parfois contradictoires, il est admis que plus la durée d’exposition aux œstrogènes est importante, plus le risque de survenue d’un cancer du sein est élevé. C’est pourquoi, lorsque des cellules du cancer du sein présentent des récepteurs aux œstrogènes, bloquer ces derniers au moyen de traitements anti-hormonaux comme le tamoxifène, s’avère bénéfique. En l'occurrence, environ deux tiers de ces cancers expriment le récepteur des œstrogènes alpha (ER alpha), mais dans des proportions variables.
"Un traitement anti-hormonal peut avoir des effets bénéfiques sur des tumeurs dont seulement 10 %, voire parfois seulement 1 %, des cellules expriment ce récepteur ER alpha. Cela nous intriguait", explique le Professeur Jean-François Arnal, professeur de physiologie et responsable scientifique de l’équipe Inserm. Par ailleurs, le Professeur L. Brouchet, chirurgien thoracique et membre de l’équipe, s’interroge pour sa part sur le rôle des œstrogènes vis-à-vis de l’augmentation de la prévalence du cancer du poumon chez les femmes, cancer pourtant a priori non sensible aux hormones. Le Docteur Françoise Lenfant a modélisé cette problématique chez des souris auxquelles on a retiré les ovaires pour supprimer la production d’œstrogène, et implanté des cellules cancéreuses dépourvues de ER alpha et donc non directement répondeuses aux œstrogènes.
Lorsque ces souris sont supplémentées en œstrogènes, les chercheurs ont observé une croissance tumorale accélérée par rapport à celles des souris non supplémentées. "Nous avons donc fait l’hypothèse que les œstrogènes agissaient sur des cellules de la souris sensibles aux œstrogènes, autres que les cellules tumorales", résume Françoise Lenfant. Cette hypothèse a été confirmée chez des souris génétiquement manipulées et rendues déficientes en ER alpha, chez lesquelles l’effet des œstrogènes sur la croissance des tumeurs est alors aboli.
Les mécanismes de l’accélération de la croissance tumorale par les œstrogènes ont été explorés en collaboration étroite avec les laboratoires du Professeur Foidart à l’université de Liège et du Professeur Chambon à Strasbourg. Cette croissance tumorale paraît en fait être liée à une action de l'hormone sur le micro environnement et notamment le système vasculaire qui alimente la tumeur. Les chercheurs ont en effet constaté une plus grande densité mais aussi une plus grande régularité des vaisseaux sanguins qui irriguent les tumeurs des souris sous œstrogènes. "Cela signifie que les œstrogènes peuvent in vivo moduler indirectement la croissance tumorale, explique Jean-François Arnal, via un impact sur les cellules du micro-environnement tumoral (dites cellules stromales) et plus particulièrement dans ce modèle, via une augmentation et une normalisation de la vascularisation de la tumeur ".
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