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Edito : La conquête du nano-monde, un enjeu majeur pour le XXIe siècle

Décidément, l'avenir semble se trouver dans l'extrêmement petit. Depuis quelque temps, les innovations se multiplient pour nous faire entrer dans un monde nouveau : le nano-monde. Il y a quelques semaines, nous vous relations une nouvelle qui a fait grand bruit dans le milieu de la micro-électronique : une équipe française du très réputé LETI (Laboratoire d'Electronique de Grenoble) est parvenue à fabriquer des transistors opérationnels d'une taille de seulement 20 nanomètres, c'est-à-dire 20 milliardièmes de mètres. Il faudrait placer côte à côte 50.000 de ces transistors pour atteindre une épaisseur d'un millimètre ! Cette prouesse représente un saut technologique majeur dans le domaine de la miniaturisation électronique puisque ces transistors sont 10 fois plus petits que les plus minuscules transistors actuels qui ont une taille de l'ordre de 180 nanomètres (0,18 microns). Cette nouvelle technologie permet donc de gagner d'un seul coup un ordre de grandeur de 10 et ouvre la voie, pour la prochaine décennie, à la production industrielle de puces intégrant 1 milliard de transistors qui seront au moins 1000 fois plus puissantes que nos puces actuelles. Nous vous établissons, dans la lettre de ce jour, un lien vers le San José Mercury News qui vous relate les travaux de la Northwestern University qui est parvenue à tracer sur le silicium des traits de seulement 15 nanomètres de large (15 milliardièmes de mètres). L'électronique sur silicium, que certains avaient enterrée un peu vite, a donc encore quelques belles années devant elle avant d'atteindre les limites ultimes de la miniaturisation prévues par les lois de la Physique mais sans cesse repoussées par le génie humain. Mais les nanotechnologies sont loin de se limiter au secteur de la micro-électronique et leur champ de recherche et de développement s'étend à présent à de multiples domaines et secteurs technologiques et industriels. Parmi ceux-ci, deux au moins, outre les secteurs électronique et informatique, devraient connaître une véritable révolution grâce aux nanotechnologies : la médecine et les nouveaux matériaux. De récents travaux (voir le lien que nous établissons ce jour avec New-Scientist pour vous relater comment un chimiste allemand, James La Clair, vient de mettre au point un interrupteur moléculaire), menés par des équipes américaines et allemandes, ont montré en effet qu'il était possible de construire des nanomoteurs constitués de molécules organiques dont on pouvait programmer et contrôler les mouvements à l'aide d'une modulation lumineuse, par exemple. A terme, ces machines moléculaires auront une précision et une intelligence propre suffisantes pour être utilisées comme agents de surveillance, de réparation ou de combat contre de multiples affections à l'intérieur même du corps humain. Qui peut le plus peut le moins et ces nanomachines pourront également être introduites dans les puces du futur pour les réparer ou les améliorer en les reconfigurant. Enfin, la maîtrise et la généralisation de ces nanomachines permettront également la mise au point de nouveaux matériaux qui auront des propriétés programmées en fonction de leurs utilisations et qui seront en outre interactifs sur le plan informationnel. De tels matériaux pourront ainsi nous informer en permanence de leur évolution et nous prévenir d'une brusque modification de leur structure, telle qu'une rupture par exemple. Ainsi, déjà, dans des millions de voitures, un morceau de silicium de l'épaisseur d'un cheveu a la capacité de détecter de soudaines décélérations du véhicule et remplace les encombrants détecteurs de mouvements des premiers air-bags. A terme, on voit donc que les frontières classiques entre les trois grands champs de recherches et d'activités technologiques et industrielles que sont la matière, l'énergie et l'information s'estomperont de plus en plus. Cette perspective peut nous sembler encore lointaine mais elle adviendra sans doute plus vite que nous ne l'imaginons. Rappelons-nous de la conquête de l'espace : qui aurait sérieusement cru à la fin du XIXe siècle, en dehors de Jules Vernes (1828-1905), alors que les premiers aéroplanes s'élevaient péniblement dans les airs, sur quelques centaines de mètres, que 3 générations plus tard l'homme marcherait sur la Lune ? Il est donc capital que la constitution d'un pôle technologique et industriel de premier ordre dans ce domaine des nanotechnologies devienne une double priorité absolue, au niveau national et européen, car c'est sur ce terrain du nanomonde qu'auront lieu les grandes batailles technologique et industrielle du XXIe siècle.

René Trégouët

Sénateur du Rhône

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