RTFlash

Transformer les déchets non recyclables en cailloux

Près d’Angers, une jeune start-up s’est donné pour objectif de transformer les déchets jusqu’ici non recyclables en cailloux, pour être ensuite utilisés comme matériau de construction. Néolithe, c’est son nom, vient d’annoncer une nouvelle levée de fonds de 60 millions d’euros pour accélérer « l’alternative de grande ampleur » qu’elle est en passe de proposer. « Aujourd’hui, les déchets que l’on ne valorise pas sont soit enfouis soit incinérés, c’est une catastrophe sur le plan environnemental », explique Quentin Laurens, directeur des affaires publiques. « Notre objectif, c’est de proposer une troisième voie : celle de la fossilisation accélérée ». En gros, reproduire le cycle naturel de formation de la roche mais beaucoup plus rapidement que ce qui a pu se passer il y a des millions d’années.

C’est William Cruaud, ancien tailleur de pierre de tuffeau, qui a eu cette révélation, se lançant en 2019 dans cette prometteuse aventure entrepreneuriale avec son fils ingénieur, Nicolas, et un troisième associé. Concrètement, ils se sont penchés sur les déchets industriels non inertes et non dangereux pour les broyer en une poudre très fine, puis les transformer en une pâte minérale grâce à un « liant naturel » dont la recette est secrètement gardée. En moins d’une heure se forme un caillou de la forme et de la taille souhaitée, qui peut être comparé à de la pierre naturelle après deux ou trois mois. « Tout est protégé, breveté », indique Quentin Laurens. « Nous sommes les seuls au monde à proposer ce process qui a une empreinte carbone négative, car la fossilisation des déchets séquestre plus de CO2 qu’elle n’en émet ».

En trois ans, l’idée a déjà fait du chemin. Une première usine pré-industrielle a poussé à Chalonnes-sur-Loire, avec une capacité de traitement de 10.000 tonnes de déchets industriels par an. Et les demandes des entreprises de travaux sont bien là, avec plusieurs dalles ou cheminements piétons déjà réalisés avec ce nouveau matériau écolo, appelé anthropocite. « Il a des propriétés mécaniques très bonnes. On peut aujourd’hui en intégrer 20 % en remplacement du granulat classique dans du béton de propreté, ce qui est déjà pas mal ». Des études sont en cours pour passer au béton structurel, mais aussi pour pouvoir en faire des sous-couches routières, aux exigences fortes en matière de résistance et de tolérance environnementale. Un marché porteur alors que 450 millions de tonnes de granulats sont consommées chaque année et que l’activité des carrières de roche fait parfois débat.

Néolithe, qui compte déjà 200 salariés, compte construire une première usine dans les Pays-de-la-Loire d’ici à 2025, avec cette fois une capacité de traitement de 100.000 tonnes de déchets par an. Un équipement qui serait dupliqué partout en France avec une autre ambition, celle de pouvoir aussi valoriser les ordures ménagères de la poubelle noire (hors matière organique, qui a de toute façon vocation à être elle aussi triée). A terme, Néolithe assure pouvoir « diminuer l’empreinte carbone du pays de 7 % » et ce, alors que le secteur du bâtiment représente actuellement 43 % des consommations énergétiques annuelles françaises et génère 23 % des émissions de gaz à effet de serre.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

20 minutes

Noter cet article :

 

Vous serez certainement intéressé par ces articles :

    Recommander cet article :

    back-to-top