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Les tablettes diminueraient l’attention endogène des jeunes enfants mais augmenteraient leur attention exogène
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Quel est l’impact des écrans sur l’attention des jeunes enfants ? C’est la question à laquelle ont tenté de répondre des psychologues, psychiatres, statisticiens et neuroscientifiques du développement de différentes équipes, alors que 63 % des 3–4 ans utilisaient une tablette à la maison en 2019 contre 28 % en 2013 ; des chiffres qui ont d’autant plus augmenté avec la crise sanitaire du Covid-19.
L’attention consiste à ne sélectionner que certaines informations de l’environnement et à rejeter les autres, jouant ainsi grandement sur notre comportement dès notre plus jeune âge. Bien que sous contrôle génétique, le développement de l’attention est également soumis aux influences de l'environnement lui-même, tels que les écrans.
« Généralement, les études se concentrent sur la télévision et les jeux vidéo », explique Ana Maria Portugal, qui a conduit les recherches. « Le fait de regarder la télévision est associée à des défauts d’attention endogène (attention dirigée vers un but de façon volontaire, ndlr). A l’inverse, jouer à des jeux vidéo d’action pourrait avoir un effet positif sur l’attention endogène ». Mais en étudiant le comportement vis-à-vis des tablettes, Ana Maria Portugal et son équipe ont obtenu des résultats légèrement différents : « une utilisation importante des tablettes semble bien associée à une diminution de l’attention endogène mais aussi à une attention exogène (attention automatique et réactive à un stimulus, ndlr) plus importante ».
Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont testé à la fois l’attention exogène et l’attention endogène de 40 sujets jeunes, utilisateurs réguliers ou non de tablettes. Chaque enfant s’est ainsi rendu 3 fois au laboratoire pour y subir des tests à l’âge d’un an, 1 an et demi et 3 ans et demi. Pendant ces visites, des expériences ont été menées avec des ordinateurs, consistant à suivre des objets virtuels des yeux et à en ignorer d’autres, le tout étant mesuré par un système de suivi oculaire.
Plus précisément, les enfants en bas âge ont subi trois tests. Le premier repose sur la diffusion d’un stimulus visuel central puis en plusieurs stimuli périphériques présentés de manière imprévisible sur le côté droit ou gauche de l’écran, dans trois niveaux de difficulté. Est alors calculée, grâce à un suivi du mouvement des yeux, la latence de leurs mouvements, qui permet de déterminer le niveau d’attention exogène. Pour cette expérience, les scientifiques invitent les enfants à suivre des yeux une pomme rouge parmi des pommes bleues et, à chaque réussite, ils sont récompensés par un extrait vidéo et un son.
Le deuxième test consiste à demander au sujet de fixer un point particulier sur une cible immobile. Un stimulus est ensuite présenté sur un côté de la cible. L’enfant est invité à faire une saccade oculaire dans la direction opposée. Par exemple, si un stimulus est présenté à gauche de la cible immobile, il doit regarder vers la droite. Dans cet exemple, est mesurée la capacité du sujet à inhiber ses saccades automatiques en direction du stimulus, pour regarder volontairement de l’autre côté. En ce qui concerne cet exemple appliqué à de très jeunes enfants, ceux-ci sont incités à regarder du côté opposé grâce à une récompense. A force, ils anticipent le stimulus et apprennent à inhiber les saccades automatiques vers le stimulus, pour regarder de l’autre côté.
Lors du troisième et dernier test, un stimulus apparaît au milieu de l’écran, et un autre stimulus apparaît à gauche ou à droite du premier, soit en même temps que le premier, soit après que le premier a disparu. La capacité à regarder le deuxième stimulus quand le premier est encore affiché par rapport à la capacité à le regarder quand il a disparu permet, avec le deuxième test, de déterminer l’attention endogène.
Résultat : les enfants exposés aux tablettes ont mis plus de temps à perdre du regard les stimuli lors du premier test malgré la difficulté croissante du test, ayant des capacités d’orientation plus rapides que les autres. De même, lors des deuxième et troisième tests, ces mêmes enfants se sont orientés rapidement et de façon automatique vers les stimuli et ont donc dû davantage s’adapter pour parvenir à regarder dans la direction opposée.
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash
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