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La susceptibilité individuelle à l'alcool dépend du microbiote intestinal
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La maladie alcoolique du foie est un problème majeur de santé publique. L'atteinte hépatique est variable, s'étendant de la simple accumulation de graisse à l'hépatite alcoolique aiguë et à la cirrhose. Néanmoins, toutes les personnes ne sont pas égales devant la toxicité de l'alcool sur le foie.
A consommation d’alcool équivalente en quantité et en durée, seuls certains buveurs excessifs vont développer une maladie du foie et pas d'autres. Cette inégalité du risque devant la toxicité de l’alcool signifie que d’autres facteurs influencent le déclenchement et la progression des lésions du foie.
Le microbiote intestinal représente l’ensemble des bactéries présentes dans notre tube digestif. Ces bactéries exercent de nombreuses fonctions métaboliques. Des scientifiques et des médecins de l’Université Paris-Sud, l’Inserm, l’AP-HP (hôpital Antoine-Béclère), l’Inra, AgroParisTech et Aix-Marseille Université ont étudié le rôle possible que pouvait jouer le microbiote intestinal dans l'inégalité vis-à-vis de la toxicité de l'alcool sur le foie.
Les scientifiques ont constaté un déséquilibre du microbiote intestinal (dysbiose) chez les patients ayant une hépatite alcoolique aiguë sans qu'il soit retrouvé chez les patients consommant de l’alcool mais n’ayant pas de maladie grave du foie.
Afin de vérifier si cette dysbiose jouait un rôle causal dans la survenue de lésions hépatiques, les scientifiques ont humanisé des souris sans germes, en leur transférant le microbiote des patients alcooliques. Un groupe de souris recevait le microbiote de patients alcooliques ayant une hépatite alcoolique aiguë et un autre groupe de souris recevait le microbiote de patients alcooliques sans maladie grave du foie.
Les souris ont été alcoolisées. Il a alors été observé que les souris du premier groupe développaient une inflammation du foie et du tissu adipeux. De plus, certaines espèces bactériennes délétères étaient spécifiquement associées au fait d'être sensible ou non à l'alcool.
En renouvelant ce type d’expérience avec des souris conventionnelles, qui ont l'avantage de se rapprocher de la pathologie humaine, ces travaux ont montré qu’il était possible de diminuer les lésions du foie des souris malades en leur transférant le microbiote de patients alcooliques n’ayant pas de lésions du foie.
Ces travaux prouvent donc que la susceptibilité individuelle à la toxicité hépatique de l’alcool dépend, au moins en grande partie, du microbiote intestinal. Or, la composition du microbiote intestinal est modifiable par l'alimentation, par des prébiotiques, des probiotiques ou encore un transfert de microbiote fécal, ce qui ouvre de nouvelles voies thérapeutiques contre cette maladie du foie.
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash
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