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La révolution des nanosciences nécessite une réorganisation de notre recherche

La révolution des nanosciences, où la matière s'étudie et se manipule à l'échelle de l'atome, se heurte aujourd'hui en France à des structures totalement inadaptées, notamment pour les financements, selon un rapport publié le 29 avril par l'Académie des Sciences.Il ne s'agit plus d'une simple étape supplémentaire dans la miniaturisation. Nanosciences et nanotechnologies, où l'on travaille à l'échelle du nanomètre, c'est-à-dire du millionième de millimètre, obligent physiciens, chimistes et ingénieurs à "une véritable révolution conceptuelle", souligne le rapport de l'Académie des Sciences et de l'Académie des Technologies. "La révolution des nanosciences est caractérisée par une extrême pluridisciplinarité et une évolution extraordinairement rapide", a souligné devant la presse l'un des auteurs de ce rapport, le physicien Philippe Nozières. Pour la rapidité de l'évolution, "l'échelle est le mois, voire moins, alors que l'unité de gestion française est l'année, dans le meilleur des cas", selon le physicien. "Si l'on se plie à ce carcan, la France sera toujours en retard d'un métro", ajoute-t-il. Les académiciens estiment d'autre part que les nanosciences, après avoir fait chambre à part pendant quelques années, sont appelées à se fondre un jour dans le fonctionnement normal de la science. D'où la suggestion de créer une Agence nationale des nanosciences et des nanotechnologies, une structure qui pourrait être un jour dissoute, destinée uniquement à évaluer, coordonner et financer les travaux des différents laboratoires impliqués. Il s'agirait d'une agence de moyens autonome, disposant de financements dans la durée, sur une échelle de cinq à dix ans. Les académiciens recommandent un financement de cette agence de moyens par l'Etat, et non par exemple par des fondations, et ils soulignent la nécessité d'un sérieux coup de pouce des pouvoirs publics pour que la France ne reste pas à la traîne dans ce domaine. Les académiciens ne sont pas favorables pour autant à de très gros investissements lourds, préférant une multiplication de petits équipements de base, en particulier dans les universités. Les académiciens souhaitent également favoriser les regroupements d'équipes interdisciplinaires, au sein d'instituts fédératifs. "Il est préférable que les chercheurs restent dans leur cadre d'origine", a commenté Philipe Nozières. Pour lancer ce vaste chantier, les deux académies estiment enfin nécessaire le lancement d'un programme interministériel pour "assurer à la France une position de premier plan dans ce domaine". "Dans l'industrie de demain, il faudra maîtriser la matière à l'échelle du nanomètre", a estimé Claude Weisbuch, l'un des auteurs du rapport. "Mais c'est aujourd'hui qu'il faut prendre les brevets et donc agir", ajoute-t-il. Les académiciens estiment ainsi que les départs en retraite massifs qui doivent marquer le secteur de la recherche dans les années à venir "peuvent être une occasion extraordinaire de remodeler le paysage scientifique français", et de l'adapter à la révolution des nanosciences. Académie des sciences : http://www.academie-sciences.fr/publications/rapports/rapports_html/RST18.htm

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