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Quand le neurone se connecte au silicium

Deux personnes totalement paralysées ont réussi, grâce à des implants dans le cerveau, à exprimer leurs besoins par l'intermédiaire d'un ordinateur, rapporte l'hebdomadaire britannique New Scientist. "Si vous pouvez commander un ordinateur, vous pouvez parler au monde", a déclaré Roy Bakay, de l'Université d'Emery à Atlanta (Georgie) , à l'origine de ces premiers résultats, obtenus après huit ans de travail. Les chercheurs américains espèrent que cette technologie permettra un jour aux personnes totalement paralysées de se servir de membres artificiels. Grâce à de minuscules électrodes implantées dans la partie du cerveau gouvernant le mouvement, les deux patients sont capables de déplacer un curseur sur un écran d'ordinateur en "pensant" à bouger un membre. En déplaçant le curseur sur différents icônes, les patients ont réussi à faire prononcer par la voix artificielle de l'ordinateur des phrases comme "j'ai soif" ou "s'il vous plaît, éteignez la lumière". Les implants sont composés de deux minuscules cônes de verre creux, de la taille d'une pointe de stylo bille, préalablement enduits de substances prélevées sur les genoux des patients, et ayant la propriété de favoriser la croissance des cellules nerveuses. Les neurones s'infiltrent à l'intérieur des cônes et se connectent aux microscopiques électrodes. Les signaux cérébraux captés par les électrodes sont transmis à l'ordinateur et utilisés pour bouger le curseur. Pour l'instant, les commandes sont assez simples : en haut et en bas, pour le déplacement vertical, à droite et à gauche pour le déplacement horizontal. Mais, ce n'est que le commencement, selon le Dr Bakay. Pour placer les implants, l'équipe de neurochirurgiens a repéré les régions motrices du cortex les plus actives avec l'imagerie par résonance magnétique. Une fois la croissance des nerfs assurée dans les cônes, ils ont demandé aux patients de penser à bouger différentes parties de leur corps. La difficulté réside dans l'identification du mouvement auquel il faut penser pour entraîner l'émission d'un signal par l'électrode, et qui dépend des nerfs qui se sont faufilés dans les cônes et qui se sont connectés à l'électrode. Les patients doivent donc tester par la pensée les mouvements permettant de déplacer le curseur. Ils sont entraînés à contrôler leur pensée, par exemple bouger un bras ou une jambe pour actionner le curseur dans le bon sens. "Contrôler le curseur devient rapidement une seconde nature", selon le Dr Bakay. Après de longues recherches sur des singes, les chercheurs ont obtenu l'autorisation de la Food and Drug Administration (FDA) américaine d'expérimenter ce procédé sur trois humains. L'équipe vient de recevoir une subvention des Instituts Nationaux de la Santé américains pour poursuivre ses recherches sur trois nouveaux patients. Cependant, Roy Bakay précise qu'il faudra plusieurs années pour que ses implants permettent de transmettre des commandes complexes. Cette expérience extraordinaire constitue une nouvelle étape fondamentale vers une interface cerveau-ordinateur, après les célèbres travaux du physicien allemand Fromherz, qui a réalisé les premières liaisons opérationnelles neurone-transistor fonctionnant dans les deux sens. Désormais la perspective de pouvoir commander directement un ordinateur par la pensée, mais aussi de pouvoir recevoir directement des informations dans notre cerveau ne relève plus de la science-fiction et sera certainement l'un des défis scientifiques majeurs du prochain siècle.

(New Scientist/17/10/98)

http://www.newscientist.com/cgi-bin/pageserver.cgi?/ns/981017/nbrain.html

(Le Monde/17/10/98)

http://www.lemonde.fr/actu/nvtechno/puces/1501.htm

(brève rédigée par @RT Flash)

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