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Les promesses des vaccins anti-cancer

L'idée de vaincre le cancer avec un vaccin n'est pas nouvelle mais depuis dix ans, les concepts ont évolué, avec la progression du savoir sur les cellules tumorales et grâce aux recherches sur le système immunitaire menées pour mettre au point un vaccin contre le sida. Sur quelle base peut-on fabriquer aujourd'hui un vaccin contre le cancer ? Schématiquement, il s'agit pour la majorité des équipes de mettre en évidence des protéines spécifiques au sein des tumeurs et qui n'existent pas dans les cellules normales. Ensuite, ces protéines spécifiques sont utilisées dans la composition d'un «vaccin» pour induire dans l'organisme une double réponse anti-cancer : des anticorps dirigés spécifiquement contre les cellules tumorales, et des lymphocytes T aptes à anéantir les cellules du cancer, et elles seules.«Ce concept de la vaccination antitumorale présente plusieurs avantages théoriques, explique le docteur Philippe Moingeon (responsable du département recherche et développement des vaccins d'Aventis Pasteur). D'abord, contrairement aux autres traitements du cancer une absence de toxicité supposée, mais en réalité retrouvée lors des premiers essais cliniques; ensuite, une réponse immunitaire qui touche tout l'organisme et donc capable d'éliminer les cellules tumorales où qu'elles soient, ce qui est important s'agissant d'une maladie qui a tendance à se disséminer. Enfin, on peut espérer que ces vaccins seront susceptibles d'induire une réponse immunitaire de longue durée, capable d'être réactivée en cas de récidive. Première étape: identifier des protéines spécifiques des tumeurs. C'est ce qui est en train d'être réalisé par plusieurs équipes, et notamment celle de Thierry Boon en Belgique, une des plus performantes en la matière, qui a découvert, depuis 1991, plusieurs antigènes associés aux tumeurs chez l'homme. Citons par exemple l'antigène carcino-embryonnaire, surexprimé par de très nombreuses tumeurs, la protéine P 53 que l'on retrouve mutée dans 50-% des cancers, ou encore des protéines dites Mage 1 et Mage 2 découvertes à la surface de certains mélanomes malins. Deuxième étape: préparer un vaccin, en utilisant la protéine spécifique purifiée, seule ou avec des adjuvants, ou encore insérer le gène qui code pour cette protéine dans un virus anodin pour l'homme (comme le canarypox). Le but actuel des candidats-vaccins est de pouvoir les utiliser un jour pour prévenir les récidives après un traitement conventionnel ou encore pour contrôler les cancers quand ils échappent aux thérapeutiques. A Paris, le docteur Nicolas Van Baren (Institut Ludwig, Bruxelles) a présenté les résultats de deux essais thérapeutiques réalisés chez des malades souffrant d'un mélanome métastatique au-delà de toutes ressources thérapeutiques. Le premier essai utilise un vaccin basé sur une protéine dite Mage 3, couplée à un autre antigène et retrouvée dans 20% des mélanomes. Sur les vingt-cinq patients ayant reçu plusieurs injections de ce vaccin à diverses doses, dix-huit n'ont eu aucune amélioration, cinq ont bénéficié d'une régression objective des métastases. Pour trois d'entre eux, la tumeur a totalement disparu et n'est toujours pas réapparue cinq ans après.Une seconde étude, actuellement en cours, présentée par ce même médecin, évalue l'intérêt de la même protéine, mais en intégrant son gène dans le canarypox. Pour les treize premiers patients soumis à un tel vaccin, onze ne présentent aucun signe de régression et deux ont une vraie amélioration des lésions cancéreuses. Un essai mené aux Etats-Unis, chez une quinzaine de malades atteints d'un cancer colo-rectal, avec un vaccin basé sur l'antigène carcino-embryonnaire, n'a pas mis en évidence de toxicité particulière et a permis d'observer dans un cas une régression tumorale. En Allemagne, il y a quelques mois un essai vaccinal chez des patients souffrant d'un cancer du rein avec métastases a permis d'obtenir une rémission totale de la maladie chez quatre de ces dix-sept personnes. Le vaccin anti-cancer du futur devra aussi être doté d'une mémoire immunitaire afin de reconnaître et de détruire une tumeur semblable à celle qu'il aurait déjà rencontrée et anéantie. Les chercheurs travaillent actuellement dans deux directions : des vaccins prévenant les rechutes susceptibles de survenir après un traitement conventionnel et des vaccins ayant la propriété de ralentir la progression de cancers déjà existants, tout en préservant la qualité de vie des patients. Ils n'excluent pas non plus, "vers 2015", selon le Dr Moingeon, de pouvoir vacciner préventivement des personnes présentant des prédispositions génétiques aux cancers.

Figaro : http://www.lefigaro.fr

AFP : http://fr.news.yahoo.com/010216/1/wxrx.html

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