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La pollution atmosphérique peut modifier la météorologie sur un rythme hebdomadaire

En Espagne, les week-ends d'hiver ont tendance à être plus ensoleillés et secs que les jours de la semaine. Cette "pulsation météorologique hebdomadaire", observée entre 1961 et 2004, serait liée aux variations des rejets dans l'atmosphère des particules très fines issues des activités humaines. On sait de longue date que ces aérosols peuvent, localement, favoriser les précipitations, en servant de noyau à la formation des gouttes. On leur attribue aussi un rôle dans la nébulosité et l'effet de serre. Mais l'équipe conduite par Arturo Sanchez-Lorenzo (université de Barcelone) suggère qu'elles peuvent aussi avoir un effet sur la circulation atmosphérique de l'Europe de l'Ouest, car le cycle hebdomadaire qu'elle a mis en évidence touche des zones non polluées, telle la station de ski de Navacerrada, située à 1 890 mètres d'altitude.

Les chercheurs espagnols, qui ont publié leurs observations dans les Geophysical Research Letters du 14 août, ont analysé les données météorologiques fournies pendant 44 ans par treize stations implantées dans différentes zones. Le cycle hebdomadaire le plus marqué est fourni par les anomalies de la température maximale, qui présentent un minimum de mardi à jeudi et une forte augmentation vendredi et le week-end.

Pour vérifier la véracité de ces résultats, l'équipe scientifique a croisé ces données météorologiques avec des modèles de circulation atmosphérique recouvrant l'Europe de l'Ouest et une partie de l'océan Atlantique, en prenant en compte la pression au niveau de la mer. Sur ce domaine géographique plus large, ils mettent en évidence de petites anomalies de pression supérieures à un hectopascal sur une zone centrée sur la bordure nord-ouest de la péninsule Ibérique, ce qui est en accord avec les données météorologiques locales.

Les chercheurs émettent donc l'hypothèse que certaines régions de l'Europe occidentale présentent une rythmicité dans la pression hivernale hebdomadaire, partiellement liée à des changements dans la circulation atmosphérique. Leurs résultats montrent en outre que ces effets peuvent s'inverser en fonction des saisons et des régions concernées. D'autres parties du globe connaissent des pulsations météorologiques hebdomadaires. Le phénomène a été mis en évidence en 2007 en Allemagne. Début 2008, l'équipe de Thomas Bell (NASA) a publié des données satellitaires montrant qu'en été le sud-est des Etats-Unis essuie plus d'orages en milieu de semaine que le week-end - il y pleut en moyenne 1,8 fois plus le mardi que le samedi. Ces cycles sont corrélés avec les niveaux de pollution.

En 2003, des données recueillies par le satellite ERS-2 de l'Agence spatiale européenne avaient conduit à "des résultats très intéressants" sur les cycles d'émissions de polluants, rappelle Vincent Peuch, chercheur au Centre national de recherche météorologique à Toulouse (Haute-Garonne). Lancé en 1995, le satellite avait recueilli des données sur le dioxyde d'azote pendant sept ans. Leur analyse a montré la présence de cycles hebdomadaires sur différentes zones du globe.

Aux Etats-Unis, en Europe et au Japon, comme à Johannesburg et à Mexico, le minimum d'oxyde d'azote a été constaté le dimanche, avec des baisses pouvant atteindre de 25 % à 50 % par rapport aux journées travaillées. En Chine, aucun cycle hebdomadaire n'a été trouvé, sans doute car ce pays-continent fait fonctionner ses centrales électriques et ses usines toute la semaine. En revanche, les cités du Proche-Orient, de religion musulmane, connaissent une baisse de pollution le vendredi, et Israël le samedi, jour du shabbat.

LM

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