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Le numérique débarque dans les cinémas

Grâce à des investissements dans les salles de cinéma dotées de projecteurs numériques, des pays comme l'Inde, la Chine, la Grande-Bretagne ou la Suède pourraient prendre une longueur d'avance sur les Etats-Unis et héberger les futures capitales mondiales du septième art. En Grande-Bretagne, le nombre de salles équipées d'un projecteur numérique devrait doubler lors des douze prochains mois pour atteindre 400, estime Screen Digest, un cabinet d'études britannique spécialisé dans les médias. "L'image numérique est plus lumineuse, plus fine, les couleurs sont plus vives et l'image est un peu plus stable", explique Patrick von Sychowski, analyste chez Screen Digest. Comme toujours, cette révolution ne se fait pas sans heurts. Les coûts d'installation pour les cinémas sont élevés et les principaux studios s'abstiennent de produire des films en format numérique tant que les normes ne sont pas fixées et les systèmes de protection contre le piratage plus efficaces. Mais les exploitants, impatients de montrer au public leur nouvelle acquisition, n'attendent pas Hollywood. Plusieurs chaînes de cinéma européennes ont ainsi commencé à projeter des concerts en numérique ou des documentaires de réalisateurs indépendants. "Nous pensons que cette nouvelle technologie va permettre à un grand nombre de petits réalisateurs de toucher une plus large audience. Les films qui ne réussissent pas dans le modèle de distribution du 35 millimètres auront une nouvelle chance", explique Steve Perrin, directeur adjoint de la distribution au UK Film Council, l'équivalent britannique du Centre national de la cinématographie (CNC). Le UK Film Council s'est engagé à hauteur de 20 millions de livres sterling (28,5 millions d'euros) pour équiper 250 salles en Grande-Bretagne d'ici à 2005. Depuis le milieu des années 1990, des réalisateurs comme George Lucas ou Steven Soderbergh se sont faits les champions du cinéma numérique, qu'ils voient comme une victoire technologique sans équivalent depuis l'invention du film en celluloïde, au XIXe siècle. Enregistré sous forme de fichier informatique, le film numérique ne se dégrade pas avec le temps. Il peut être envoyé aux cinémas par satellite, disque de grande capacité ou fibre optique, ce qui permet de sortir plus facilement les films simultanément partout dans le monde. Dans les cinémas, les films numériques sont stockés sur des ordinateurs serveurs reliés à un projecteur numérique. Ces projecteurs sont équipés d'une puce capable d'afficher 35.000 milliards de nuances de couleurs qui nettoie l'image. Depuis les frères Lumière et D.W. Griffiths, il y a une centaine d'année, les réalisateurs devaient s'accommoder des poussières et cheveux sur la pellicule, ainsi que des sauts dans la bande son. Le cinéma numérique va les débarrasser de ces tracas, avec une image nette et un son numérique "surround". C'est en Inde, pays de Bollywood, que l'on trouve l'un des programmes d'investissement les plus ambitieux. Mukta Adlabs Digital Exhibition et Global Digital Creations Holdings, une société de Hong Kong, se sont alliés cette année pour équiper une moyenne de 20 cinémas par mois. Pour le spectateur, le plus grand avantage du numérique ne sera peut-être pas visible sur l'écran lui-même, estime Peter Wester, chef de projet chez Folkets Husoch Parker, une chaîne de cinémas suédoise. Avec le numérique, un cinéma peut télécharger un film sur le disque dur d'un ordinateur et le projeter aussi longtemps que les spectateurs le souhaitent. Selon Wester, ces cinémas ne seraient ainsi plus liés aux calendriers de distribution des grands studios. "La hausse moyenne de chiffre d'affaires pour nous est de l'ordre de 25% au bout d'un an", ajoute-t-il. Dans le modèle de distribution traditionnel, un cinéma peut avoir à payer des milliers de dollars pour obtenir un film à succès le jour de sa sortie ou la semaine suivante. Les exploitants n'ont alors plus le choix : ils doivent le diffuser le plus souvent possible afin de le rentabiliser avant de renvoyer les bobines au distributeur. Parce qu'ils peuvent être facilement copiés, les films numériques peuvent être reproduits, expédiés et stockés pour moins de 20 dollars, estiment des spécialistes. Un coût grâce auquel les exploitants, libérés de l'exigence de rentabilité immédiate, pourraient se permettre de diffuser un film d'art et essai un soir de semaine. Mais l'équipement coûte cher. On estime à environ 125.000 dollars le prix d'une installation alliant projecteur numérique et serveur dédié. Le ticket d'entrée dans le numérique est néanmoins en baisse. A mesure que les salles se multiplient, les coûts devraient diminuer de moitié. Le plus gros obstacle est Hollywood lui-même. Walt Disney, à travers son partenariat avec Pixar Animation Studios, et Warner Bros, sont les seuls grands studios à produire des "blockbusters" en format numérique.

Reuters : http://fr.news.yahoo.com/031223/85/3kes4.html

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