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La nouvelle politique énergétique au Royaume Uni

Le gouvernement britannique a publié lundi 24 février son "Livre Blanc de l'Energie", rapport qui présente la politique énergétique du Royaume-Uni pour les vingt prochaines années. Dans ce rapport intitule "Notre énergie du futur : vers une économie à faible intensité en carbone" gouvernement anglais présente les objectifs et les moyens de cette nouvelle politique énergétique en insistant sur la nécessite de diminuer sérieusement les émissions de CO2 pour lutter contre les changements climatiques. Le Royaume-Uni est confronté à trois principaux défis sur le plan énergétique. Tout d'abord, un défi environnemental : les années 90 furent la décade la plus chaude depuis que l'homme mesure le climat. Cette augmentation de la température a entraîne de nombreuses conséquences, dont la montée du niveau de la mer et une augmentation des inondations. Sans diminution des gaz a effet de serre, ces catastrophes naturelles risquent d'être de plus en plus nombreuses et de plus en plus désastreuses. Le second défi auquel est confronté le Royaume-Uni est la diminution de ses ressources énergétiques internes. Dans une dizaine d'années, la plupart des mines de charbon britanniques économiquement rentables sera épuisée. Le Royaume-Uni verra également sa production de pétrole et de gaz nettement diminuer. Enfin, dans les vingt prochaines années, les centrales nucléaires arriveront quasiment toutes en fin d'exploitation. En conséquent, en 2020, le Royaume-Uni dépendra au ¾ des importations pour son énergie. Devenant un net importateur, le Royaume-Uni sera beaucoup plus dépendant du contexte économique mondial.

Le troisième défi est la nécessite de moderniser les infrastructures énergétiques du pays. Comme indique précédemment, beaucoup de centrales de production électrique vont fermer dans les prochaines années. Pour disposer d'un système énergétique performant et fiable, il est important de réfléchir des aujourd'hui aux modifications des moyens de production, a la nécessite de nouvelles installations et a l'adaptation des réseaux de distribution et de stockage. Les objectifs de la politique énergétique. Pour relever ces trois défis, le gouvernement a fixé quatre objectifs prioritaires pour sa politique énergétique : - diminuer les émissions de CO2 de 60 % en 2050 (par rapport a 1990) ; - maintenir la fiabilité et la sécurité de l'approvisionnement en énergie ; - promouvoir la compétitivité des entreprises pour améliorer la productivité de l'économie et participer au développement de celle-ci ; - s'assurer que chaque foyer britannique soit équipe d'un système de chauffage efficace et puisse se chauffer a un prix raisonnable. Le gouvernement est conscient qu'il existe des dissensions entre ces quatre objectifs mais estime cependant qu'ils peuvent être atteints de façon concomitante. S'il ne fixe aucun chiffre sur la répartition des différentes sources d'énergie, le gouvernement doit mettre en place des mesures drastiques. Deux mesures sont prioritaires : une diminution de la consommation énergétique et une production accrue d'énergie renouvelable. Diminuer la consommation d'énergie : Pour le gouvernement, la diminution de la consommation énergétique est le moyen le moins cher et le plus efficace pour atteindre les objectifs fixes. De grandes quantités d'énergie sont gaspillées dans des habitations et des immeubles mal isolés, par des systèmes de chauffage et de climatisation déréglés, ou par des ampoules et des appareils électroménagers inefficaces en terme de consommation d'énergie. Si des améliorations ont eut lieu ces dernières années, celles-ci ne sont pas suffisantes et le gouvernement propose plusieurs mesures pour lutter contre ces gaspillages et améliorer l'utilisation de l'énergie. Pour les habitations particulières, a été lancé en avril 2002 l' "Energy Efficiency Commitment" (EEC). Ce programme impose aux fournisseurs d'énergie pour les particuliers des objectifs pour diminuer la consommation d'énergie des foyers britanniques. Les fournisseurs doivent encourager les consommateurs à installer des appareillages de chauffage, d'isolation, d'éclairage plus performants en terme de consommation d'énergie. L'EEC a été programmé jusqu'en 2005. Cependant, en fonction des résultats, le gouvernement envisage d'étendre ce programme jusqu'en 2008. Une autre série de mesures pour diminuer la consommation des ménages concerne les appareils électroménagers. Pour diminuer la consommation d'énergie, il est nécessaire d'améliorer les rendements de ces appareils et d'inciter les britanniques a acheter les appareils les plus efficaces sur le plan énergétique. Le gouvernement veut s'appuyer sur des campagnes d'information, des mesures fiscales pour rendre l'accès a ces appareils plus faciles et imposer des standards minimums plus élevés pour retirer du marche les appareils les plus gourmands en énergie. Pour les entreprises et les services publics, les mêmes améliorations que dans les habitations doivent avoir lieu. Pour que les entreprises effectuent ces modification, le gouvernement a mis en place une taxe : le "climat change levy" (CCL) pour obliger les sociétés et le secteur public a prendre les mesures nécessaires pour réduire leur consommation d'électricité et leur émission de CO2. Le gouvernement estime que cette diminution de la consommation d'énergie doit contribuer a la moitie des objectifs de réduction des émissions de carbone. Développer les sources renouvelables : Le deuxième grand axe de la nouvelle politique énergétique du gouvernement est le développement des sources renouvelables. Pour atteindre une diminution de 60 % des émissions de CO2 en 2050, 30 à 40 % de l'électricité produite au Royaume-Uni à cette date devra l'être grâce aux sources renouvelables. Dans un premier temps, le gouvernement se fixe un objectif de 10 % en 2010. Pour atteindre cet objectif, des mesures ont déjà été mises en place : - l'introduction en 2002 d'une obligation d'utilisation des énergies renouvelables ; - l'exemption de la CCL pour les entreprises utilisant les énergies renouvelables ; - la création d'un programme de 250 millions de livres (366 millions d'euros) sur trois ans pour développer les énergies renouvelables ; - la création d'une nouvelle organisation au sein du gouvernement, "Renewable UK", pour coordonner les développements des énergies renouvelables. Cependant, le gouvernement est conscient qu'il est nécessaire de renforcer son action car les résultats de ces premières mesures ne suffiront pas pour atteindre les objectifs fixes. L'innovation va jouer un rôle crucial dans le développement des sources renouvelables. Si certaines sources sont prêtes a être exploiter ou le sont déjà comme l'énergie d'origine éolienne, beaucoup de travail reste a faire pour le développement et la commercialisation de la plupart des sources renouvelables.

Ainsi aux 250 millions de livres (366 millions d'euros) déjà débloquées, le gouvernement a décidé d'ajouter 98 millions de livres (144 millions d'euros) supplémentaires pour les trois prochaines années. Ces fonds permettront le lancement des nouveaux programmes de recherche, l'étude de prototypes et serviront à étudier des problèmes relatifs à l'utilisation des énergies renouvelables comme leur intermittence. La politique de l'Union Européenne en matière d'émissions des gaz à effet de serre facilitera aussi l'atteinte des objectifs. Le "European carbon emmission trading scheme" doit entrer en vigueur en 2005. Les sociétés participant a ce programme auront des objectifs concernant la réduction de leurs émissions de carbone. Trois possibilités s'offriront alors aux dirigeants de ces entreprises : - atteindre leur objectif en réduisant leurs propres émissions ; - réduire leurs émissions sous les objectifs fixes avec la possibilité de vendre ou de capitaliser la différence ; - ne pas atteindre les objectifs et acheter le droit d'émettre du CO2 auprès d'autres entreprises qui auront réussi a réduire leurs émissions sous leurs objectifs. Chaque société pourra ainsi choisir la stratégie qu'elle considère la meilleure en comparant le prix du "droit de polluer" aux coûts de réduction de ses propres émissions. Ainsi, les objectifs de diminution de CO2 seront atteints au moindre coût pour l'économie européenne. Dans une vingtaine d'années, la situation britannique du secteur de l'énergie sera très différente de celle qui existe aujourd'hui. Le gouvernement estime qu'il est indispensable, des aujourd'hui, de préparer l'avenir et de fixer des objectifs et des stratégies clairs, ce qui est le but de ce rapport "Our energy future, creating a low carbon economy". Comme nous l'avons vu, la lutte contre les gaspillages et le développement des énergies renouvelables sont pour le gouvernement parmi les moyens les plus efficaces et les moins coûteux pour atteindre les objectifs définis. Cependant, le gouvernement souligne l'importance des collaborations internationales pour aider le Royaume-Uni a atteindre ces objectifs mais aussi pour que le Royaume-Uni aide les autres pays a mettre en place une politique similaire ou la prise en compte des changement climatiques est prioritaire. Le Royaume-Uni n'est responsable que de 2 % des émissions mondiales de CO2. Si la politique britannique n'est pas suivie par les autres pays, l'essentiel de cette politique, qui est de ralentir les changements climatiques, ne pourra être atteint. L'ensemble des organisations scientifiques et des associations de protection de l'environnement se félicite des décisions du gouvernement, particulièrement sur la diminution des émissions de CO2 de 60 % d'ici 2050. Le gouvernement conclut que le défi qu'il se lance avec cette nouvelle politique énergétique est difficile mais qu'il doit être relevé. Un nouveau bilan sera nécessaire en 2020 pour analyser les résultats de cette politique et pour réfléchir sur les améliorations à y apporter grâce aux développements techniques et a l'expérience acquise.

Rapport du gouvernement :

http://www.dti.gov.uk/energy/whitepaper/index.shtml#wp.

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