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Les nanotubes en imogolite pour dépolluer d'eau

« Imogo » est un mot japonais qui désigne les sols, de couleur jaune brunâtre, formés par l'altération des cendres volcaniques. Depuis 1962, on sait que ces terrains contiennent un matériau composé d'aluminium, d'oxygène et de silicium auquel, tout naturellement, les chercheurs nippons qui l'ont découvert ont donné le nom d'« imogolite ».

« Il se présente sous la forme de nanotubes d'un diamètre de 2-3 nanomètres [milliardièmes de mètres], est facile à synthétiser et ne présente aucun risque lorsqu'on le relâche dans la nature », s'enthousiasme Antoine Thill, chercheur du CEA au Nimbe, laboratoire de nanosciences et d'innovation pour les matériaux, la biomédecine et l'énergie.

« Surtout, l'imogolite est très efficace pour absorber et réagir avec quelque chose », souligne Sophie Le Caër Bolis, directrice de recherche du CNRS dans le même laboratoire. Par exemple, l'entreprise américaine Kodak avait déposé des brevets pour utiliser l'imogolite pour récupérer l'argent - très polluant - contenu dans les bains de développement des films photo argentiques ou pour empêcher l'accumulation d'électricité statique sur les bobines des films de cinéma.

L'origine précise de ce pouvoir de séparation et d'absorption était longtemps restée mystérieuse. Des calculs théoriques affirmaient que cela était dû à la courbure de ces nanotubes et à la très faible épaisseur de leur paroi, qui auraient favorisé leur action catalytique lorsqu'ils sont exposés à la lumière.

C'est cette hypothèse que viennent de confirmer expérimentalement Sophie Le Caër Bolis, Antoine Thill et sept autres collègues du Nimbe, de l'Institut de chimie physique (ICP) et du LCPME (Laboratoire de chimie physique et microbiologie pour les matériaux et l'environnement).

Leurs travaux publiés dans « Nanoscale », une revue scientifique dédiée aux nanotechnologies, ouvrent la voie à des applications industrielles. « Le pouvoir de séparation des imogolites est très intéressant pour attirer et réagir avec des molécules ciblées dans des domaines aussi variés que l'énergie, la catalyse, la dépollution et d'autres sur lesquels nous travaillons encore », sourit Antoine Thill.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Les Echos

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