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Mars Express apporte la preuve directe de la présence d'eau sur Mars

La présence d'eau sous forme de glace au pôle sud de la planète Mars a été pour la première fois localisée de façon directe par la sonde européenne Mars Express, a annoncé vendredi l'Agence spatiale européenne (ESA) à Darmstadt (Allemagne). Les spécialistes soupçonnaient depuis une trentaine d'années l'existence d'eau sous forme de glace sur la "planète rouge", se fondant sur des indications indirectes, dont la dernière a été fournie, en 2002, par la sonde américaine Mars Odyssey.

Il s'agit donc de la première preuve directe, sous forme de "signature spectrale chimique" dans l'infrarouge. De surcroît, cette glace a été détectée au pôle sud. Jusqu'à présent, la majorité des scientifiques admettaient la présence d'eau congelée au pôle nord, alors qu'au pôle austral, certains penchaient plutôt pour une calotte formée exclusivement de gaz carbonique (CO2) solidifié.

"Ce que nous avons découvert, c'est une importante quantité d'eau sous forme de glace, condensée avec une énorme banquise de glace de CO2", a expliqué l'astrophysicien français Jean-Pierre Bibring (Institut d'astrophysique spatiale d'Orsay), responsable scientifique du spectromètre Omega embarqué sur Mars Express, à l'origine de cette observation. "Cette calotte est permanente, car la glace a été découverte à la fin de l'été martien. Durant l'hiver local, elle devrait être à nouveau recouverte de gaz carbonique", a précisé le scientifique. On ignore toutefois à ce stade la quantité de cette glace.

C'est une première cartographie du pôle sud faite dimanche dernier par Omega qui a révélé la présence d'eau congelée, tandis qu'un deuxième spectromètre, PFS, a montré que la distribution de gaz carbonique est différente "entre l'hémisphère nord et l'hémisphère sud". Selon le directeur de vol de Mars Express, Mike McKay, "nous avons désormais un plus grand espoir de trouver de la glace sous la surface et même de l'eau liquide". Il s'agit de réserves potentielles d'énergie qui seraient extrêmement intéressantes "dans la perspective de missions habitées vers Mars", souligne-t-il.

Quant aux traces de vie éventuelles qui découleraient de la présence d'eau, cette découverte ne permet pas d'avancer, souligne Francis Rocard, responsable des programmes d'exploration solaire au Centre national d'études spatiales (CNES, France), interrogé à Paris. Du moins jusqu'à la mise en service en mars, du radar Marsis qui pourra "pénétrer" jusqu'à 4 ou 5 kilomètres sous la surface de la planète. "C'est dans les profondeurs de Mars, admet-il, que se trouvent peut-être des nappes phréatiques remplies d'eau liquide dans laquelle, si jamais la vie a existé sur Mars, on peut supposer que des bactéries existent encore."

La sonde a par ailleurs produit des images de traces d'érosion par l'eau. "Une activité d'érosion par l'eau s'est produite autrefois sur la surface martienne", a précisé Gerhard Neukum, professeur de planétologie à l'Université libre de Berlin, commentant les clichés pris par la caméra spectrale à haute définition (HRSC), qui a permis une prise de vue d'une fauchée sans précédent de 4.000 km. Ce premier succès européen vient à point nommé, alors que les chances d'entrer en contact avec Beagle-2, l'atterrisseur de la mission, sont "proches de zéro", selon le directeur scientifique de l'ESA David Southwood. Ce succès intervient d'autre part au moment où le robot américain Spirit, après une arrivée très médiatisée sur Mars quelques jours après le robot britannique, a connu quelques avatars.

ESA :

http://www.esa.int/export/SPECIALS/Mars_Express/SEM8ZB474OD_0.html

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