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La lymphe favorise la dissémination des cellules cancéreuses
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Lorsque des cellules cancéreuses se détachent d’une tumeur et circulent dans l’organisme, la plupart d’entre elles sont détruites. Toutefois, il arrive que certaines survivent et s’implantent dans d’autres régions de l’organisme, formant alors des métastases. Souvent, les premières métastases apparaissent dans des ganglions lymphatiques proches de la tumeur avant d’essaimer plus loin via la circulation sanguine.
Si les oncologues connaissaient ce phénomène depuis plusieurs années, ils ne comprenaient pas la raison pour laquelle les ganglions lymphatiques facilitent l’implantation des métastases. Mais Jessalyn Ubellacker, du Centre médical du Sud-Ouest de l’Université du Texas, à Dallas, et ses collègues viennent d’apporter une réponse : le passage par les ganglions lymphatiques protège les cellules cancéreuses.
Le corps compte plusieurs centaines de ganglions, répartis le long des vaisseaux du système lymphatique. Ce système régule le niveau d’hydratation des tissus et évacue certains déchets cellulaires en drainant en permanence le liquide dans lequel baignent les cellules – la lymphe – vers divers organes, dont les ganglions lymphatiques. Ces organes de quelques centimètres sont à la fois des filtres mécaniques et des barrières immunitaires. C’est en effet l’endroit où les cellules immunitaires sont activées en y rencontrant des antigènes. Tout porte donc à penser qu’ils constituent un barrage contre les cellules cancéreuses. Pourquoi, alors, favorisent-ils les métastases ?
Pour le savoir, Jessalyn Ubellacker et ses collègues ont comparé ce qui survient à des cellules cancéreuses issues de mélanomes humains quand on les injecte à des souris, soit via des ganglions lymphatiques, soit directement dans le sang. Ils ont ainsi montré que les cellules injectées dans la lymphe subissaient un stress oxydatif moins fort que celles injectées dans le sang et qu’elles produisaient plus de métastases. Or le stress oxydatif est connu pour induire différents types de mort cellulaire. L’un de ces mécanismes était-il moins efficace dans les ganglions lymphatiques ?
Le sang étant riche en fer, les chercheurs se sont intéressés en particulier à la ferroptose, un mécanisme de mort cellulaire découvert il y a seulement quelques années et qui fait intervenir du fer. De fait, en traitant les cellules cancéreuses avec un inhibiteur de la ferroptose avant de les injecter dans le sang de souris, ils ont observé que celles-ci développaient plus de métastases qu’en l’absence d’inhibiteur, signe qu’en temps normal, la ferroptose détruit bien les cellules cancéreuses qui circulent dans le sang.
En revanche, les souris qui avaient reçu les cellules cancéreuses via les ganglions lymphatiques ont produit des quantités similaires de métastases avec ou sans inhibiteur, signe que les cellules cancéreuses n’ont pas subi de ferroptose, même une fois arrivées dans la circulation sanguine.
La ferroptose agit en oxydant les lipides qui constituent la membrane des cellules. Mais la réaction n’est possible que si ces lipides sont insaturés (ils doivent contenir des liaisons doubles carbone-carbone, qui peuvent être oxydées), et plus les lipides sont insaturés, plus l’oxydation est grande.
L’équipe a donc examiné les lipides présents dans l’environnement des cellules cancéreuses et lesquels intervenaient dans leur métabolisme. Résultat : dans la lymphe, les dérivés de l’acide oléique, un acide gras mono-insaturé (donc peu insaturé), étaient plus abondants que dans le sang, et les cellules cancéreuses issues de la lymphe portaient près de 9 fois plus d’acides oléiques que celles issues du sang. Et ces cellules cancéreuses survivaient mieux quand elles avaient baigné dans de l’acide oléique avant d’être injectées dans le sang des souris, par rapport à celles non traitées.
La lymphe contenant par ailleurs 100 fois moins de fer que le sang, l’équipe en a conclu que son environnement riche en acide oléique et pauvre en fer protège les cellules cancéreuses de la ferroptose, tandis que l’environnement du sang, riche en fer, la favorise. Pourquoi la lymphe est-elle enrichie en acide oléique ? D’autres lipides interviennent-ils dans la protection des cellules cancéreuses ? Ce mécanisme est-il propre au mélanome ou est-il plus général ? Autant de questions auxquelles il s’agit à présent de répondre.
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash
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- Publié dans : Biologie & Biochimie
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