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Des liens très étroits entre COVID-19 et AVC

Parmi les AVC survenus dans le cadre d’une infection COVID-19, le Professeur Bertrand Lapergue, chef de service de Neurologie de l’hôpital Foch à Suresnes, a relevé plusieurs cas d’AVC graves survenus en France ayant particulièrement retenu son attention du fait de leur caractère inhabituel. Il s’agissait de patients assez jeunes (42 à 66 ans), mais ayant des facteurs de risques cardiovasculaires comme un surpoids, une hypertension ou un diabète, ce qui incite à la prudence en cette période de déconfinement. Ces AVC étaient associés à l’atteinte des gros vaisseaux et se manifestaient le plus souvent par une aphasie et une hémiplégie droite survenant entre 7 et 12 jours après l’apparition du tableau classique de COVID-19.

Deux caractéristiques ont en particulier surpris le neurologue : d’une part, les patients étaient très inflammatoires sur le plan de la biologie, ce qui est très inhabituel en cas d’AVC, et d’autre part, ils avaient fréquemment à l’imagerie une occlusion en tandem, c’est-à-dire à la fois intracrânienne et de la carotide, ou de gros caillots dans les artères à destinée cérébrale, « Une charge thrombotique tout à fait exceptionnelle en dehors des cas d’infection sévère ! » s’est exclamé le neurologue. Certains patients reformaient même un thrombus après thrombectomie. Dans certains cas, une plaque d’athérome sous-jacente a pu être observée à l’imagerie, ce qui soulève la possibilité d’une décompensation au cours de l’infection par le SARS-Cov-2.

Des cas d’AVC extrêmement sévères au plan clinique ont également ont été rapportés dans la littérature, comme ceux décrits à New York et publiés dans le New England Journal of Medicine. Là aussi, ces patients étaient jeunes (33 à 49 ans) mais dyslipidémiques, hypertendus et avaient de grosses charges thrombotiques. La présence d’un athérome sous-jacent semblait être un trait assez constant de ces AVC sévères associés au COVID-19.

Tout récemment, le préprint d’une étude observationnelle chinoise monocentrique a rapporté les données de 221 patients consécutifs hospitalisés à l’hôpital Union de Wuhan pour un COVID-19. Sur cette série, 5 % d’infarctus cérébraux ont été enregistrés, mais peu d’hémorragies, ce qui correspond à ce qui est observé en France. Les patients concernés avaient des facteurs de risque vasculaire et les plus âgés avaient un COVID-19 plus sévère et un état inflammatoire plus marqué (CRP, D-Dim).

« Oui clairement », a affirmé le neurologue. En Île-de-France, les cas d’AVC les plus sévères survenus chez les patients COVID-19 étaient souvent associés à un terrain athéromateux. Les cas chez les sujets jeunes restent rares en dehors de ceux précédemment décrits avec un syndrome inflammatoire important. De façon générale, le COVID-19 augmente le risque d’AVC parce que les patients semblent avoir un état d’hypercoagulabilité avec en conséquence une tendance à faire des caillots. Surtout, l’infection augmente la gravité des AVC « parce qu’ils arrivent avec retard à l’hôpital par peur d’y venir en cette période d’épidémie, et aussi parce que le pronostic est nécessairement plus sombre lorsque l’AVC survient chez des patients en réanimation dans un contexte d’insuffisance respiratoire ou de défaillance multivicérale,» a-t-il expliqué.

Ces observations indiquant que les patients COVID-19 sont plus à risque d’AVC ont été retrouvées dans la littérature. Sur une cohorte de 184 patients en unité de soins intensifs avec un COVID-19 confirmé et enrôlés au sein de 3 hôpitaux hollandais, les affections thrombotiques (en particulier les embolies pulmonaires, représentant plus de 80 % de ces événements) étaient présentes dans près d’un tiers des cas (31 %) et ont largement impacté le pronostic des patients COVID-19 en réanimation. Les traitements anticoagulants ont même dû être renforcés pour prévenir ce type de complication. L’âge et la présence d’une CIVD (coagulopathie intravasculaire disséminée) avaient un poids pronostique très important. L’étude de 13 cas français montre aussi que la gravité des AVC est augmentée par l’infection : les patients ont tendance à reformer un caillot après thrombectomie (38 % des cas), ce qui assombrit nécessairement le pronostic.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

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