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L'augmentation des rejets de CO 2 augmente dangereusement l'acidité des océans

Une étude internationale publiée le 16 juillet dans la revue « Science » apporte un éclairage nouveau sur les liens entre les émissions humaines de gaz à effet de serre et les océans. Bonne nouvelle : les océans capturent près de la moitié des émissions humaines de gaz carbonique (CO2). Mauvaise nouvelle : ce CO2 augmente l'acidité de l'eau de mer, ce qui menace probablement la survie à long terme de nombreuses espèces marines qui produisent leurs squelettes à partir de carbonates, comme les mollusques, les coraux, les crustacés et le phytoplancton. «De très nombreux scientifiques se sont longtemps focalisés sur le réchauffement du climat comme seul effet néfaste de l'émission de gaz carbonique par l'activité humaine, mais le récent colloque à l'Unesco a mis en avant les effets néfastes de l'augmentation de l'acidité des océans, explique James Orr, directeur de recherche au laboratoire des sciences du climat et l'environnement à Gif-sur-Yvette. C'était une révélation pour beaucoup de personnes.» Les conclusions de ce rapport sont fortement soutenues par une recherche publiée la semaine dernière dans la revue américaine Science et qui fait le bilan des quantités de gaz carbonique absorbées par les océans. D'après Christopher Sabine, premier auteur de la publication et chercheur de la NOAA (administration américaine chargée de l'étude de l'océan et de l'atmosphère) à Seattle, l'océan serait capable d'absorber chaque année environ un tiers de toutes les émissions humaines de CO2. Depuis le début de l'ère industrielle au XIXe siècle, les eaux marines de la planète ont accumulé environ 118 milliards de tonnes de carbone, produites en grande partie par la combustion de charbon, pétrole et gaz naturel. Cette mesure est le bilan de deux grands programmes océanographiques internationaux WOCE et JGOFS (2) qui ont été lancés dans les années 1990. Après la phase de prélèvements en mer, de longues années ont été nécessaires pour compiler et vérifier la validité des mesures faites lors de 9 618 prélèvements en mer. Par une méthode d'analyse isotopique, les scientifiques sont capables de faire la part entre les apports en CO2 de l'activité humaine et ceux de l'activité naturelle. Ce bilan, qui montre que les océans sont de loin le principal piège à gaz carbonique de la planète n'est pas une surprise en soit, car il confirme les résultats obtenus depuis des années par des simulations numériques réalisées sur ordinateur. Mais il s'agit tout de même de la première confirmation à grande échelle faite avec des mesures sur le terrain. La capture d'aussi grandes quantités de gaz à effet de serre, qui ne participent ainsi pas au réchauffement de la planète, est une aubaine pour le climat de la planète. Mais ce service pourrait être payé au prix fort par de nombreuses espèces animales et végétales vivant dans les mers. En effet, la présence grandissante de CO2 a plusieurs effets sur les écosystèmes marins. Première conséquence, l'augmentation de l'acidité de l'eau de mer, surtout près de la surface, là où les échanges se font entre l'océan et l'atmosphère. Au cours des cent prochaines années, le changement de l'acidité devrait être d'une ampleur trois fois plus importante et cent fois plus rapide que ceux subis entre les périodes glaciaires. Ces eaux plus acides s'accompagneraient d'une baisse de la concentration d'oxygène et de nutriments près de la surface. «Ces changements affecteraient beaucoup d'espèces et changeraient la composition des communautés biologiques dans une proportion et d'une façon qui ne sont pas encore prévisibles et compréhensibles à ce jour», précise le communiqué de l'Unesco. Autre conséquence, l'absorption du CO2 par l'eau de mer diminue fortement les quantités de carbonates dont de très nombreux organismes comme les mollusques, les coraux et certaines espèces de plancton, ont absolument besoin pour construire leurs squelettes ou leurs coquilles. A ce jour, nul ne sait à quel point ces organismes seront capables de s'adapter à des conditions de vie nouvelles.

SD http://www.sciencedaily.com/releases/2004/07/040719092807.htm

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