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Grippe aviaire : un vaccin expérimental prometteur grâce au génie génétique

A partir d'un virus responsable du rhume commun, des Américains ont développé un nouveau type de vaccin contre H5N1. Testé avec succès chez la souris, il n'est pas comme les vaccins anti-grippe classiques produits sur oeuf embryonné. Aux CdC d'Atlanta (Centres de contrôle des maladies), et à la Purdue University de West Lafayette dans l'Indiana, les Dr Sambhara et Mittal ont génétiquement modifié un adénovirus pour produire une hémagglutinine de type H5NA. Ils l'ont injectée à un groupe de souris tandis que d'autres recevaient simplement du sérum physiologique. Toutes ont ensuite été contaminées par des souches de virus H5N1 prélevées sur les cas observés au Vietnam en 2003 et 2004.

"Cela prend environ 6 mois pour faire un vaccin classique à partir d'oeufs, rappelle l'un des chercheurs, Suryaprakash Sambhara. "Quatre milliards d'oeufs embryonnés seraient nécessaires pour fournir de quoi vacciner 1,2 milliard de gens à risque dans le monde", écrit-il dans Lancet. En cas de pandémie d'origine aviaire, se procurer des oeufs pourrait devenir problématique car les virus H5N1, hautement pathogènes, tuent les volailles. L'équipe de M. Sambhara (CDC, Atlanta) et Suresh Mittal (Purdue University) a utilisé un virus du rhume banal, rendu inoffensif (un adénovirus défectif) et génétiquement modifié, pour produire un composant majeur du H5N1, une protéine appelée hémagglutinine (H5HA). Cette dernière comporte une partie stable commune à différentes souches de H5N1.

Les chercheurs ont administré ce vaccin à des souris, puis leur ont inoculé de grandes quantités de virus. Ils ont constaté que les rongeurs immunisés, en dépit de relativement faibles niveaux d'anticorps neutralisants contre les virus H6N1 Hongkong 2003 et Vietnam 2004, étaient protégés contre ces virus (ainsi que contre le Hong Kong 97 ayant servi à fabriquer le vaccin). Outre l'absence de mortalité, "parmi les animaux vaccinés, il y a eu un minimum de perte de poids et de morbidité, sans effets secondaires indésirables", relève M. Sambhara .

Ce prototype-vaccin mobilise en effet une variété spécifique de bataillons de globules blancs du système immunitaire, des cellules CD8 T, qui aident l'organisme à se débarrasser du virus. Les auteurs ont alors constaté qu'en dépit d'un taux d'anticorps relativement faible, les souris traitées " n'étaient pas mortes et n'avaient pas perdu de poids ". Ce qui revient à considérer qu'elles étaient immunisées. Comparé aux vaccins antigrippaux classiques, le nouveau produit n'agirait pas de la même façon. Il entraînerait notamment la production de lymphocytes T spécifiques, " qui aident à éliminer le virus ".

En observateur attentif, le Dr Luc Hessel, Directeur des Affaires médicales Europe d'Aventis Pasteur-MSD -premier producteur mondial de vaccins- souligne qu'" il s'agit d'une technique très élaborée. Elle s'inscrit sur le long terme d'autant que nous ignorons encore si elle peut être appliquée à l'homme. Cette étude est toutefois très prometteuse puisqu'on se libère enfin de la notion de culture de virus ". Rappelons en effet, que les vaccins antigrippaux traditionnels sont conçus à partir d'oeufs embryonnés de poules. La technique est rodée certes, mais non sans contraintes. Elle étale notamment les délais de fabrication de vaccin sur une période de 4 à 6 mois. Et pour cause : pour fabriquer 1,2 milliard de doses, il est nécessaire de disposer de... 4 milliards d'oeufs embryonnés ! Voilà qui fait peser une lourde hypothèque sur la réactivité des producteurs. D'autant plus que H5N1 est hautement pathogène chez la poule, de sorte que la disponibilité en masse de ces oeufs pourrait être compromise.

Lancet

BBC

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