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La France optimiste mais isolée sur l'accès des pauvres aux médicaments

La France continue à afficher un bel optimisme sur la question de l'accès des payspauvres aux médicaments, alors qu'elle apparaît isolée sur ce sujet, y compris avec les pays du Sud, dans les négociations en cours sur le sujet à l'Organisation mondiale du Commerce (OMC). Le ministre délégué au Commerce extérieur, François Loos, s'est félicité mardi à l'Assemblée nationale de l'imminence d'un accord à l'OMC sur les conditions dans lesquelles les pays très pauvres peuvent, en cas de crise sanitaire, importer des médicaments génériques, moins chers que les originaux. M. Loos, très mobilisé sur la question des médicaments ces dernières semaines, était revenu le matin même d'une visite de cinq jours en Inde, qui a montré que les options françaises pour réduire les ravages des pandémies dans les pays pauvres rencontraient peu d'écho. L'Inde est un cas d'étude intéressant sur le sujet, puisqu'elle dispose d'une industrie pharmaceutique générique performante, développée à partir de copies de médicaments vendus moins chers qu'au Nord, qui n'a pas empêché la persistance d'épidémies massives et dévastatrices (Sida, tuberculose, paludisme). M. Loos y a certes reçu le soutien de son homologue, Arun Shourie, dans sa volonté de faire adopter à l'OMC un système de large exception au droit des brevets permettant à un pays pauvre touché par une crise sanitaire d'importer des médicaments génériques à bas prix. Cette conception s'oppose au système plus strict de dérogation préconisé par Américains, Suisses et Canadiens, accusés par les ONG d'être le "bras armé" des grands laboratoires pharmaceutiques du Nord car il limite davantage les possibilités d'utiliser les génériques, y compris en cas de crise sanitaire. Dans sa campagne pour de larges exceptions, M. Loos pensait bien recevoir le soutien des grands laboratoires indiens. Mais ceux-ci lui ont fait savoir, lors d'un entretien à Delhi, leur préférence pour la "stricte application des accords Adpic" défendue par les Américains. Le ministre a ainsi découvert le changement de stratégie des grands industriels indiens, qui délaissent de plus en plus les génériques, leur activité d'origine, pour s'orienter davantage "vers la recherche et les médicaments brevetés, en vue d'aller concurrencer les laboratoires du Nord sur leur propre marché, plus lucratif que le Sud", a expliqué Ramesh Subrahmanian, directeur général d'Aventis Pharma India. D'où une certaine déception côté français, où l'on attendait sans doute plus d'implication des laboratoire locaux pour lutter contre des épidémies qui frappent jusqu'au coeur de leur pays, et ce commentaire aigre-doux d'un membre de la délégation accompagnant M. Loos: "Ce n'est pas avec les laboratoires indiens qu'on va réduire le Sida dans les pays du Sud !". Malgré les efforts de son ministre, la France apparaît également isolée dans les négociations en cours à l'OMC. La dernière réunion sur le sujet, qui avait rassemblé 25 ministres à Sydney le 10 novembre dernier, avait déjà jugé la position américaine comme la plus "prometteuse". Lundi à New Delhi, une source ministérielle indienne a indiqué que son gouvernement s'orientait lui aussi vers l'option défendue par les Etats-Unis, tout comme le Brésil et la Chine. Cette tendance a été confirmée par une source diplomatique américaine.

AFP : http://www.caducee.net/afp/edit.asp?id_depeche=12496

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