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La France devrait gagner entre 4 et 7 degrés l'été

Alors que s'ouvre à Buenos Aires la dixième conférence des Nations-Unies sur le climat, Météo France confirme l'impact considérable pour la France du changement climatique si la concentration de gaz émis par les activités humaines continue d'augmenter dans l'atmosphère. Selon les derniers résultats du centre de recherche de Météo France, le thermomètre pourrait afficher 4 à 7 degrés de plus en moyenne l'été en France sur la période 2070-2100, faisant apparaître la canicule de 2003 comme "un été froid". La France risque de se réchauffer davantage que la fourchette moyenne retenue par les experts de l'ONU pour la surface du globe (1,4 à 5,8 degrés d'ici à la fin du siècle). Le thermomètre pourrait gagner 4 à 7 degrés l'été à l'aube (minimales diurnes) et 2 à 4 degrés l'hiver dans l'après-midi (maximales diurnes). "4 à 7 degrés, c'est considérable", souligne Michel Dequé, chercheur à Météo France.

A titre de comparaison, pendant l'été caniculaire de 2003, les températures moyennes étaient supérieures de 4,3 degrés aux normales saisonnières en France. La canicule a fait 15 000 morts dans l'Hexagone. "A la fin du siècle, si un été caniculaire comme celui de 2003 arrivait, on appellerait ça un été froid", estime Michel Dequé. "On aura dix fois plus de chances, un jour d'été quelconque, pris au hasard, de dépasser le seuil de 35 degrés". Les hivers seront plus doux et pluvieux, surtout au Nord. "Le régime des pluies pourrait être changé", relève M. Dequé. "Il ne pleuvra pas forcément plus souvent, mais à chaque fois qu'il pleuvra, cela pourrait être plus intense", entraînant un risque d'inondation accru de certains fleuves. En revanche, les précipitations augmenteraient faiblement l'hiver sur le sud de la France, ce qui ne suffira pas à compenser la sécheresse accrue l'été. Cette sécheresse concerne la France, mais aussi la Grèce, la Turquie, le Maroc, "tous les pays du bassin méditerranéen".

Pour dresser la carte météo des années 2070-2100 en France, les chercheurs ont croisé les données de dix modèles informatiques européens dans le projet "prudence". Les résultats sont "robustes", estime Michel Dequé, du fait de la diversité des modèles utilisés. Les experts français, britanniques, espagnols, suédois, etc. ont fait tourner leurs supercalculateurs sur le scénario de réchauffement climatique le plus couramment utilisé en Europe, A2. Ce scénario prévoit un triplement des concentrations de CO2 par rapport à l'ère préindustrielle, du fait des rejets polluants des activités humaines. La température moyenne de la France a gagné environ 1 degré depuis 1860 (+ 0,6 degré pour la planète), du fait de l'augmentation des gaz à effet de serre. Ceux-ci ont déjà grimpé de 280 ppm (parties par million) à 360 ppm en l'espace de cent cinquante ans (entre 1850 et 2000), alors que leur concentration était restée inférieure à 300 ppm pendant au moins cinq cent mille ans. Le scénario ne tient pas compte d'éventuelles mesures efficaces de lutte contre le réchauffement climatique, objet de conférences comme celle de Buenos Aires. Selon les experts, il faudrait diminuer de 50 % les émissions mondiales d'ici à 2050 pour stabiliser le climat. Le protocole de Kyoto prévoit seulement une diminution de 5,2 % des émissions des pays industrialisés en 2008-2012.

Le Monde

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