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Les fourmis sont bien aptes à détecter les cancers

Les fourmis surpasseront-elles les chiens ? Plus facilement et rapidement prêtes à la tâche et pour un entraînement donc le coût est largement moindre, ces insectes pourraient être utilisés pour détecter les cancers chez l'Homme comme le font certains chiens renifleurs. Ce n'est, certes, pas pour tout de suite mais une nouvelle étude confirme leur potentiel.

Les cellules humaines, comme celles de tous les animaux, émettent des composés organiques volatils (COV) indétectables pour notre odorat, mais auxquelles d'autres animaux aux sens plus développés peuvent être sensibles. Quand certaines cellules deviennent cancéreuses, leur métabolisme se transforme et avec lui leur empreinte olfactive. Des recherches sont actuellement menées pour utiliser cette modification à des fins de détection précoce des tumeurs. Ce peut être en utilisant des chiens renifleurs mais également des appareils de mesure qui analysent l'haleine pour rechercher un cancer du poumon. Baptiste Piqueret, biologiste à l'Université Sorbonne Paris Nord, au moment de ces travaux, et désormais à l'Institut Max Planck, a lui décidé de se confronter à la fourmi Formica fusca : « une espèce commune qui, comme toutes les fourmis, possède un sens de l'odorat particulièrement développé » explique-t-il.

En 2022, avec son équipe de l'Institut Curie et du CNRS, il publie une première étude dans la revue iScience prouvant que les fourmis pouvaient discriminer des cellules cancéreuses de cellules saines après une période d'entraînement associatif courte, de l'ordre de quelques dizaines de minutes. « L'entrainement est très simple, il suffit de déposer un peu de nourriture, en l'occurrence de l'eau sucrée, imprégnée de l'odeur voulue, celle de tumeurs humaines. Puis d'exposer ces fourmis à l'odeur de tumeur et à une autre. Si l'entrainement a marché, elles passeront plus de temps près de l'odeur apprise » résume-t-il.

La même équipe revient en ce début d'année avec cette nouvelle étude réalisée sur des souris greffées avec des tumeurs humaines (cancer du sein) et dont l'urine a servi à l'entraînement des fourmis. Cette urine, les analyses chimiques le prouvent, présentent un profil olfactif altéré et les fourmis peuvent le repérer après seulement trois entraînements. Ce qui en fait de potentiels bio-détecteurs.

L'idée serait de les utiliser pour dépister des cancers à partir d'un simple échantillon d'urine pour un coût modéré qui permettrait d'élargir la population cible, par exemple les femmes de moins de 50 ans sans antécédents pour les cancers du sein. « Mais ce n'est vraiment pas pour tout de suite et de nombreux autres tests doivent être menés avant d'éventuellement aboutir à une pratique courante » prévient Baptiste Piqueret. C'est notamment le passage à l'humain qui pourrait poser problème, avec plus de variabilité dans l'odeur de l'urine liée aux déterminants personnels mais aussi au type de nourriture ou de boisson consommée.

« Il faudra également évaluer le seuil de détection des cancers car dans cette étude, les souris sont greffées avec des tumeurs particulièrement volumineuses qui génèrent un profil olfactif bien différent des témoins » souligne le chercheur. Plusieurs années d'essais et de vérifications seront donc nécessaires avant de pouvoir envisager une application grand public avec ces fourmis noires qui pourraient constituer une alternative moins coûteuse et plus pratique aux chiens renifleurs.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

The Royal Society

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