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Eolien en mer : les industriels attendent le feu vert
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L'étude que le cabinet PwC a publié fin décembre a tout l'air d'un appel du pied destiné au gouvernement. La France a des atouts pour devenir un acteur important de l'énergie éolienne en mer. Mais pour rattraper notre retard sur la Grande-Bretagne ou le Danemark, il faut miser sur l'innovation, et lancer sans attendre... l'appel d'offres prévu dans ce domaine.
L'éolien offshore attend son appel d'offres. Le lancement d'un appel à candidatures pour la construction de quelque 600 éoliennes en mer était prévu pour le mois de septembre puis a été reporté. Nathalie Kosciusko-Morizet a bien évoqué une réunion avant noël pour en définir les modalités, mais la filière reste pour l'instant dans le flou. Pourtant, l'une des premières conditions à l'émergence d'une industrie française de l'éolien offshore est la création d'un marché national, martèle une étude de PwC récemment publiée.
C'est la condition sine qua none pour que la France exploite ses atouts et «capte la croissance de ce marché », assure Philippe Degonzague, responsable du groupe stratégie de PwC. « Les industriels restent suspendus au lancement de l'appel d'offres qui a été reporté à plusieurs reprises », note M. Degonzague. « Plus cet appel d'offres sera retardé et plus les décisions d'investissement risquent d'être remises en cause », estime-t-il.
Avec les 3.500 km de côtes de l'Hexagone et un savoir-faire « fort », l'Hexagone constitue le deuxième potentiel pour l'éolien marin en Europe, derrière la Grande-Bretagne. Une chance : le secteur européen de l'éolien en mer devrait croître de 20 % chaque année d'ici à 2035, estime PricewaterhouseCoopers (PwC), qui prévoit que ce marché dépassera celui de l'éolien sur terre en 2026 du fait « de la saturation des sites ». En 2035, ce sont 25 gigawatts (GW) d'éoliennes qui seront installées chaque année au large des côtes européennes, selon PwC.
L'étude de PwC décortique les opportunités pour l'industrie française sur toute la chaîne de valeur. A court terme, dans les 12 à 18 mois à venir, les industriels français se positionneront sur les segments de production peu complexes que sont la fabrication des mâts, les sous-stations (cube métallique flottant doté d'un générateur qui permet de récupérer l'électricité produite par les éoliennes d'un parc), l'assemblage à quai et les fondations. Ensuite, ceux-ci aimeraient capter un peu plus de valeur ajoutée. Car dès 2015, c'est par des trouvailles ingénieuses que l'Hexagone devra faire la différence.
Plusieurs acteurs se positionnent : l'usine EADS-Astrium concoctera des pales plus résistantes, et Saipem bûche sur une barge d'installation innovante d'éoliennes en mer. Le navire emporte l'éolienne déjà montée, et n'a plus qu'à l'installer en mer et à l'ouvrir, « comme un parasol », indique Alexis Chauffert-Yvart. Jusqu'à présent, l'installation des fondations se fait lors d'une première étape, avant que le mât surmonté des pales et du rotor n'y soit ajouté.
Quant aux turbines, c'est une autre paire de manches. La fabrication d'éoliennes marines sans multiplicateur ni boîte de vitesse est une étape ultérieure, pour laquelle la France n'est pour l'instant pas prête. « C'est prématuré », indique Philippe Degonzague. Le marché est pour l'instant trusté par trois turbiniers européens : le danois Vestas, qui a installé une base de pré-assemblage d'éoliennes dans le port de Dunkerque, l'allemand Siemens, et son compatriote Repower, celui-là même qui réfléchit à installer une usine sur un port français avec le mâtier Siag.
L'Hexagone n'est pas totalement atone : le français Areva se lance désormais avec Multibrid, et son compatriote Alstom y travaille avec le rachat d'Ecotecnia. L'arrivée de l'allemand Enercon, qui va installer sa première usine française de mâts terrestres dans l'Oise, est également un signe encourageant. Mais les turbiniers confirment avant tout leur attrait pour le Royaume-Uni. Gamesa, Siemens, General Electric ou Mitsubishi ont déjà annoncé qu'ils comptent y investir pour une centaine de millions d'euros chacun.
Dernière innovation que la France doit avoir à l'oeil estime PwC : les éoliennes flottantes, « une vraie rupture technologique, sur laquelle les acteurs français pourraient être leader du marché », selon Alexis Chauffert-Yvart. « C'est une technologie qui serait conforme aux complexités géographiques françaises : sur les côtes françaises, le fond tombe très vite, donc cela permettrait d'installer plus de mâts au large des côtes françaises à un moindre coût », indique-t-il.
Lancer les Français à la conquête du marché européen implique de débloquer l'impulsion étatique, insiste l'étude qui rappelle que le coût du MW éolien en mer installé : 3,5 millions d'euros. Il comprend la fabrication de l'éolienne complète, son installation et son raccordement. Pour raccorder 705 MW sur le parc des Deux-Côtes au large de la Normandie, la Compagnie du vent (filiale de GDF Suez) va ainsi débourser 1,8 milliard d'euros. L'objectif de 6 GW d'ici à 2020 du gouvernement représente quant à lui un investissement de 20 milliards d'euros.
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