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Edito : Comment produire de manière durable tout le froid dont la planète va avoir besoin
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Avant Propos : Campagne de dons 2025
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Merci
Bien Cordialement
René Trégouët
Sénateur Honoraire
Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat
Créateur de RT Flash, il y a 27 ans
EDITORIAL :
Comment produire de manière durable tout le froid dont la planète va avoir besoin
Avec l’accélération du réchauffement climatique, le nombre de canicules a doublé entre 2000 et 2025, et ces périodes de chaleur extrême devraient être multipliées par cinq d’ici 2050 (+2,7°C) et par dix en 2100 (+4°C).
Chaque année, 135 millions de climatiseurs sont désormais vendus dans le monde, soit trois fois plus qu’au début du siècle. Le parc mondial a dépassé les deux milliards d’appareils et pourrait atteindre 5,5 milliards en 2050.
Un tel scénario serait insoutenable : les émissions de CO₂ liées à la climatisation dépasseraient 2,5 gigatonnes (l’équivalent des émissions actuelles de l’Inde, troisième émetteur mondial). Sur le plan énergétique, la situation serait tout aussi critique : la climatisation, qui consomme déjà 2 000 TWh par an (6,5 % de la consommation mondiale d’électricité), pourrait atteindre 6 000 TWh en 2050, soit 13 % de la demande mondiale d’électricité prévue.
La situation en France : un usage encore limité
La France reste l’un des pays développés les moins équipés : seuls 27 % des ménages disposent d’un climatiseur.
La climatisation ne représente donc qu’environ 6 TWh d’énergie, soit 1,5 % de la consommation électrique nationale. En 2050, avec un taux d’équipement de 60 %, cette consommation pourrait atteindre 14 TWh, soit 2,5 % de la consommation électrique prévue à cette date.
Même dans le monde du travail, moins de la moitié des salariés bénéficient de bureaux climatisés. Par ailleurs, 71 % des Français estiment qu’il faut privilégier d’autres solutions que la climatisation pour rafraîchir les villes et lutter contre le dérèglement climatique.
Un objectif mondial : diviser par deux la consommation énergétique du froid
Pour maintenir le réchauffement sous les 2°C et réduire d’au moins 80 % nos émissions de CO₂ d’ici 2050, il faudrait que la climatisation ne consomme pas plus de 5 % de l’électricité mondiale, soit environ 2 300 TWh/an.
Compte tenu d’un nombre de climatiseurs multiplié par 2,5, cela suppose de réduire d’environ 60 % la consommation d’énergie par appareil. Un défi ambitieux, mais atteignable si l’on combine innovations technologiques et refroidissement passif des bâtiments.
Les innovations technologiques prometteuses
1. Des réfrigérants solides plutôt que gazeux – Harvard
Le professeur Jarad Mason (Harvard University) et son équipe ont conçu un système de climatisation sans fluide frigorigène, basé sur l’utilisation de réfrigérants solides.
Ces matériaux barocaloriques (pérovskites aux halogénures métalliques) fonctionnent à faible pression (3 000 psi) et n’émettent aucun gaz nocif dans l’atmosphère.
Lire l’article
2. La pompe à chaleur électrocalorique – Luxembourg (LIST)
L’équipe d’Emmanuel Defay au Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) a mis au point un système inspiré du refroidissement électrocalorique, où un champ électrique modifie la température d’un matériau.
Leur dispositif, composé de bandes multimatériaux (plomb, tantale, scandium) plongées dans une huile de silicone, crée des différences de température de 20°C et atteint une efficacité supérieure à 60 %, soit presque le double des climatiseurs classiques.
Voir l’innovation
3. La climatisation élastocalorique – Allemagne
À l’Université de la Sarre, le professeur Paul Motzki explore les propriétés des matériaux élastocaloriques, dix fois plus efficaces que les systèmes actuels et sans liquide de refroidissement.
Le prototype testé, basé sur du nickel-titane (Nitinol), permet de refroidir ou chauffer chaque pièce individuellement.
Détails ici
4. Le froid par le son – France et Pays-Bas
En France, la société Equium (créée en 2017 à Saint-Herblain) a conçu une technologie thermo-acoustique baptisée Eqooler, trois fois plus économe en énergie et sans gaz nocifs. Le système, basé sur les ondes sonores dans l’hélium, est silencieux et très fiable, sans pièces mécaniques.
Découvrir Equium
Aux Pays-Bas, SoundEnergy développe une machine similaire, le THEAC-25, inspirée du moteur Stirling. Elle transforme la chaleur en froid sans électricité ni gaz réfrigérant, avec un rendement de 50 % et une température pouvant descendre à –25 °C.
Le bâtiment, un levier majeur de la transition
Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), les émissions du secteur du bâtiment ont légèrement baissé depuis 2020, mais restent trop élevées.
Le bâtiment consomme encore un tiers de l’énergie mondiale et émet 13 gigatonnes de CO₂ par an. Pour atteindre la neutralité carbone, il faudra non seulement adopter de nouveaux systèmes de climatisation à faible empreinte carbone, mais aussi repenser l’architecture pour intégrer le refroidissement passif.
Les pistes du refroidissement passif
1. Les films polymères électrocaloriques – UCLA
Des chercheurs de l’UCLA ont conçu un dispositif à base de films polymères ferroélectriques recouverts de nanotubes de carbone.
Ce système peut abaisser la température jusqu’à 8,8°C (pics à 14°C) sans fluide frigorigène, grâce à l’effet électrocalorique.
Lire l’article UCLA
2. Les revêtements radiatifs – UCLA (autre équipe)
Une autre équipe de l’UCLA a développé des revêtements de murs et fenêtres en polypropylène, capables d’absorber sélectivement le rayonnement solaire.
Ces surfaces refroidissent les bâtiments en été et retiennent la chaleur en hiver, en ajustant le transfert de chaleur par rayonnement.
3. Le ciment radiatif – Espagne
À l’Université publique de Navarre (UPNA), des chercheurs ont mis au point un ciment capable de réfléchir le rayonnement solaire grâce à des particules nanométriques et microscopiques. Ce matériau réduit naturellement la température des bâtiments par refroidissement radiatif passif, sans énergie externe.
Découvrir le projet Miracle Concrete
4. Le refroidissement par évaporation – Inde et Cameroun
En Inde, Sadab Saiyad a créé TerraCool, un système combinant terre cuite et fils de jute pour refroidir l’air par évaporation. Simple, propre et peu coûteux, il exploite les propriétés naturelles de la terre cuite.
Au Cameroun, Didier Dinamou a conçu un climatiseur solaire en terre cuite, récompensé par le concours EDF Pulse Africa 2024. Ce système adiabatique rafraîchit l’air sans gaz ni électricité, idéal pour les zones rurales.
5. Le rayonnement infrarouge – Université de Caen
Enfin, l’équipe de Julien Cardin (Université de Caen) a développé une surface radiative réfrigérante (SRR) composée de couches minces déposées sur une plaque de silice.
Ce matériau réfléchit les rayons solaires et évacue la chaleur interne par rayonnement infrarouge, abaissant la température de 10°C sans énergie. Connecté à un échangeur thermique, il pourrait climatiser un bâtiment sans gaz réfrigérant.
Vers une climatisation du futur sobre et intelligente
L’avenir du froid durable passera par la convergence de plusieurs approches :
- un urbanisme végétalisé,
- une architecture bioclimatique intégrant les procédés passifs de rafraîchissement,
- et des technologies innovantes exploitant l’acoustique, les matériaux caloriques ou les nanomatériaux.
Cette climatisation du futur sera pilotée par des systèmes intelligents de gestion énergétique des bâtiments, alimentée par des sources renouvelables (notamment photovoltaïques, y compris via les fenêtres solaires en développement).
Ainsi, il devient envisageable de répondre à la demande croissante de froid tout en respectant le climat et les ressources de la planète.
René TRÉGOUËT
Sénateur honoraire
Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat
e-mail : tregouet@gmail.com
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