RTFlash

Edito : Edito : Vaccins : le nouveau souffle

Il y a quelques semaines, les chercheurs spécialistes en maladies infectieuses ont annoncé à Washington que la phase 3 des essais du vaccin contre P. falcipale paludisme avait donné des résultats prometteurs. Mené sur 12.000 enfants de sept pays d'Afrique centrale (Burkina Faso, Gabon, Ghana, Kenya, Malawi, Mozambique et Tanzanie), cet essai s'est avéré efficace contre ce parasite.

Ce vaccin pourrait être mis sur le marché dès 2012 et devenir l'unique vaccin efficace à 50 % et pendant plus d'une année, contre les formes sévères de paludisme. Rappelons que cette affection tue chaque année près de 900.000 personnes dans le monde, dont une majorité d'enfants en Afrique sub-saharienne. RTS,S pourrait alors être présenté dès 2012 aux autorités réglementaires, en vue d'une homologation pour les enfants de 5 à 17 mois.

Toujours aux Etats-Unis, Sylvie Bertholet, de l'Infectious Disease Research Institute à Seattle, et ses collègues ont mis au point un nouveau vaccin conte la tuberculose qui renforce l'efficacité d'un vaccin effectué dans l'enfance et protège contre les souches bactériennes multirésistantes responsables de la maladie, un problème croissant dans le monde, selon une nouvelle étude chez l'animal.

Ce vaccin est maintenant prêt à être développé pour des tests cliniques chez l'homme et pourra, en cas de succès, aider à protéger les populations contre les souches de plus en plus nombreuses résistantes aux antibiotiques qui sont pour beaucoup un problème urgent de santé publique à l'échelle du globe.

L'efficacité du vaccin BCG pratiqué chez l'enfant s'atténue avec le temps et ne protège plus de la tuberculose après quelques décennies. Ce nouveau vaccin stimule fortement la protection du vaccin administré dans l'enfance, apportant de surcroît une protection contre les souches résistantes aux antibiotiques.

Autre avancée récente: selon une étude publiée le 26 octobre dans la revue scientifique The Lancet, le vaccin oral bivalent (bisouche) contre la poliomyélite pourrait aider à réduire le nombre de malades de près de 90 % et serait bien plus efficace que les vaccins monovalent ou trivalent couramment utilisés. Des chercheurs de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ont montré que le vaccin bivalent, connu sous le nom de bOPV et déjà utilisé par l'OMS dans ses campagnes de vaccination, pourrait contribuer à éradiquer la poliomyélite.

En 1988, lors du lancement par l'OMS de l'Initiative pour l'éradication mondiale de la polio, le virus était présent dans cent vingt-cinq pays et paralysait près de mille enfants par jour. Les campagnes massives de vaccination, principalement avec des vaccins mono ou trivalent, ont permis de réduire le nombre de pays où la polio est endémique à quatre : l'Afghanistan, le Pakistan, l'Inde et le Nigeria.

Dans leur étude, conduite entre août et décembre 2008, les chercheurs de l'OMS ont collecté des données de huit cent trente nouveau-nés venant de trois centres ayant reçu deux doses (l'une à la naissance et l'autre, un mois plus tard) de vaccin monovalent, bivalent ou trivalent. Ils ont conclu que le bOPV était bien plus efficace pour cibler les types 1 et 3 de la poliomyélite, les plus répandus.

En Inde, le vaccin bivalent est déjà utilisé à une très large échelle ; seuls trente-deux cas de poliomyélite y ont été recensés pour l'instant en 2010, contre deux cent soixante en 2009, notent les chercheurs.

Il y a quelques semaines, à Lyon, Sanofi-Pasteur annonçait qu'un vaccin efficace contre les quatre types de virus de la dengue hémorragique avait été expérimenté avec succès sur plus de 5 000 personnes sans effet secondaire et serait sans doute disponible en 2015. Cette maladie touche au moins 50 millions de personnes par an au niveau mondial et fait plusieurs dizaines de milliers de morts par an dans le monde.

Il faut également souligner les résultats remarquables obtenus par certains pays en termes d'accès gratuit aux vaccins pour les enfants. C'est notamment le cas aux Philippines où l'immunisation contre la rougeole, par exemple, est passée de 70 % des enfants en 2003, à 95 % en 2008.

Résultat de cette politique volontariste: la mortalité des enfants de moins de 5 ans a décliné de 80 décès pour 1000 naissances en 1990, à 32 décès lors du dernier recensement de 2006. Un effort qui devrait permettre aux Philippines d'atteindre l'objectif de l'UNICEF fixé à 26,7 morts pour 1000 enfants en 2015.

Autre cible thérapeutique majeure : les virus des hépatites B et C, à l'origine de cancers du foie, et les papillomavirus, qui induisent des cancers du col de l'utérus. Des études chinoises et taïwanaises démontrent qu'après une campagne de vaccination contre l'hépatite B, "on a observé une nette diminution de l'incidence d'hépatocarcinomes, alors que ces cancers du foie étaient nombreux dans ces régions".

Enfin, une étude publiée récemment par l'Ined (Institut national d'études démographiques) montre qu'en 40 ans le risque de décès par la grippe a été divisé par dix grâce à la vaccination. "En 2005, année de la dernière épidémie importante en France, le nombre de décès directs n'a guère dépassé le millier", écrit la démographe France Meslé, qui attribue ce «recul spectaculaire» à la vaccination.

Jusqu'à la fin des années 1960, chaque épidémie de grippe faisait directement 10.000 à 20.0000 victimes, et pas loin du double en comptant les complications, selon l'Ined. «Cette baisse impressionnante de la mortalité par grippe est la conséquence directe d'une politique de prévention adaptée, fondée sur la vaccination des sujets à risque et associée à une meilleure prise en charge thérapeutique des complications», conclut France Meslé.

En France, le taux de vaccination des plus de 65 ans (gratuite depuis 2000) est de 65 %, parmi les plus élevés d'Europe. Il est beaucoup plus faible chez les personnes à risque plus jeunes et chez les personnels de santé. "Une plus grande diffusion de la vaccination dans ces populations permettrait de diminuer encore le nombre de décès dus à la grippe", relève France Meslé.

La baisse de la mortalité est comparable dans tous les pays industriels, avec des variantes : intervenue plus précocement aux Etats-Unis, en petite progression depuis quelques années au Japon, du fait sans doute que la grippe a été supprimée de la liste des maladies nécessitant une vaccination.

Au niveau mondial, l'objectif conjoint de l'OMS et de la fondation Bill GATES est d'accroître la part des enfants qui reçoivent les trois doses recommandées de DTC (diphtérie-tétanos-coqueluche) pour passer de 79 % actuellement à 90 %.

Un autre objectif est d'obtenir une couverture vaccinale comparable chez les enfants des pays les plus pauvres pour la rougeole, le HiB (haemophilus influenzae de type B), les maladies à pneumocoques, le rotavirus (principale cause de la mort par diarrhée), et, à partir de 2014, le paludisme. Si ces objectifs sont atteints, 8,7 millions d'enfants de moins de cinq ans pourront être sauvés dans la décennie à venir.

Une autre innovation majeure devrait contribuer à étendre la couverture vaccinale au niveau mondial : des chercheurs britanniques ont annoncé en févier 2010 la mise au point d'un processus bon marché permettant de fabriquer des vaccins qui se conservent même à des températures tropicales, révèle une étude dévoilée récemment.

Cette technologie, développée par l'entreprise britannique Nova Bio-Pharma Technologies, permet de ne pas avoir à réfrigérer ou congeler les vaccins.

A la lumière de ces avancées et progrès remarquables, on voit donc que les vaccins restent plus que jamais des outils irremplaçables, tant au niveau local que mondial, dans la prévention et la lutte contre les grands fléaux infectieux et viraux qui menacent l'humanité.

René Trégouët

Sénateur honoraire

Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat

e-mail : tregouet@gmail.com

Noter cet article :

 

Recommander cet article :

back-to-top