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Dur, dur d'être un bébé et de se frotter au monde !

Quand nous regardons des gens réunis dans une pièce, nous ne voyons pas des sacs de peau et de tissus étalés sur des meubles ; nous voyons d'autres êtres humains qui ont des pensées et des émotions, des désirs et des convictions, parfois semblables aux nôtres et parfois différents. C'est également ce que sont capables de voir les petits à partir de 18 mois. Mais comment de si petits enfants sont-ils passés des sacs de peau aux "esprits des autres" ? Nous avons davantage appris durant ces trente dernières années au sujet du bagage cognitif des jeunes enfants et de leur processus d'apprentissage que pendant les deux mille cinq cents ans qui ont précédé. Pendant des siècles, les psychologues et les philosophes ont affirmé à l'unisson qu'un enfant était le contraire d'un adulte. Les bébés étaient jusque-là considérés comme des êtres émotionnels et passifs, dominés par leurs sens et incapables de pensée rationnelle. Aujourd'hui, les scientifiques commencent à peine à percevoir l'étendue des connaissances des plus petits bébés, leur rapidité et leur capacité d'apprentissage. Trois caractéristiques méconnues se détachent. Tout d'abord, les enfants savent beaucoup de choses dès l'instant où ils viennent au monde ; ensuite, ils naissent avec des capacités d'apprentissage très développées, bien plus que celles de l'ordinateur le plus sophistiqué ; enfin, les adultes sont comme "programmés" pour enseigner inconsciemment aux nourrissons et aux très jeunes enfants exactement ce qu'ils ont besoin de savoir. Dans l'ouvrage How Babies Think

Courrier international : [http://www.courrierinternational.com/mag/INTsciences.htm">Comment les bébés pensent], mes collaborateurs et moi-même affirmons que les très jeunes enfants utilisent les mêmes méthodes que les scientifiques. Ils réfléchissent, font des observations, formulent des théories, émettent des hypothèses et pratiquent des expériences. Ils sont également capables de modifier leurs théories à mesure que leurs hypothèses sont infirmées. Mais, alors que les scientifiques se concentrent sur les étoiles lointaines et les microbes invisibles, les bébés se focalisent sur les objets de la vie quotidienne : cubes, chiens, mots et, le plus important, maman, papa et tata Ethel. Pour commencer, les bébés naissent en sachant que chaque individu est particulier. Les nourrissons (le plus jeune enfant testé était né depuis quarante-deux minutes) peuvent imiter les expressions faciales. Faute de miroir dans le ventre maternel, on peut penser que les nouveau-nés n'ont jamais vu leur propre visage. Ces tout petits bébés doivent déjà d'une façon ou d'une autre comprendre le rapport entre leurs propres émotions (ou, disons, le fait de tirer la langue) et le visage qu'ils ont devant eux (une chose rose qui dépasse d'une forme circulaire). Non seulement ils préfèrent les visages aux choses, fait connu de longue date, mais ils reconnaissent que ces visages ressemblent au leur. On dirait que la nature donne les moyens aux humains de s'attaquer dès le départ au problème des esprits des autres. Ensuite, l'évolution est plutôt rapide. A 9 mois, le bébé est en mesure de faire la différence entre l'expression de la joie, de la tristesse et de la colère, et peut avoir une vague idée de l'émotion qui est à l'origine de ces expressions. A 1 an, il sait que, s'il regarde dans la direction qu'on lui indique avec le doigt, il verra quelque chose. Il sait aussi ce qu'il doit faire en voyant d'autres personnes agir et il comprend ce qu'il est censé ressentir en voyant ce que les autres ressentent. Ces tout-petits ont déjà appris que les désirs d'autrui peuvent être différents des leurs. A l'instar des scientifiques, les enfants modifient leurs théories quand leur hypothèse de départ se révèle erronée. Quelles sont les conséquences de cette nouvelle approche ? Cette étude ne signifie certainement pas qu'il existe des moyens de rendre un bébé plus intelligent. Les bébés sont aussi intelligents que possible. Ils apprennent tous les jours en jouant et grâce aux soins et à l'attention que les adultes qui les entourent leur prodiguent. Cela ne veut pas dire non plus qu'il y ait une "période critique" d'apprentissage pendant les trois premières années de la vie ou que le bébé doive à tout prix vivre certaines expériences. Les enfants, et même les adultes, passent leur vie à apprendre. D'un autre côté, cette étude confirme que le travail quotidien qui consiste à s'occuper de bébés et de jeunes enfants est l'une des tâches les plus importantes au monde.

Courrier international : [http://www.courrierinternational.com/mag/INTsciences.htm

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