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Diabète de type 1 : le succès durable de la greffe de cellules pancréatiques est confirmé

Le diabète est considéré par l'Organisation Mondiale de la Santé comme l'épidémie du 21ème siècle. Cette maladie est due au déséquilibre entre la sécrétion d'insuline, l'hormone responsable de l'utilisation et du stockage du sucre, et les besoins de l'organisme. Le taux de sucre dans le sang (glycémie) s'élève alors et entraîne des complications, en particulier vasculaires (infarctus, artérite, accident vasculaire cérébral, atteinte de la rétine et des reins).

Dans le diabète de type 1 (ou insulinodépendant) qui frappe souvent des enfants ou de jeunes adultes, c'est la sécrétion d'insuline qui est déficiente. La cause exacte de cette pathologie reste mal connue mais, une fois déclaré, le diabète de type 1 aboutit à la destruction des cellules responsables de la sécrétion d'insuline, les cellules beta du pancréas ou îlots de Langerhans. Les patients deviennent alors dépendants leur vie durant de l'insuline. Malgré une hygiène de vie très stricte et plusieurs injections quotidiennes d'insuline, certains d'entre eux ne parviennent pas à équilibrer leur diabète de façon satisfaisante, ce qui justifie l'étude de nouvelles approches thérapeutiques.

L'objectif de la thérapie cellulaire est de restaurer une fonction biologique déficiente, ici la sécrétion d'insuline. La technique utilisée par les chercheurs de l'Inserm et les équipes médicales du CHU de Lille, consiste à transplanter chez le patient diabétique de nouvelles cellules pancréatiques saines. Les îlots de Langerhans sont préparés au laboratoire à partir du pancréas d'un donneur, puis administrés au patient par une perfusion dans la veine du foie, où ils vont s'implanter pour sécréter l'insuline et réguler la glycémie.

Forts des résultats décrits en greffe d'organe, l'équipe lilloise s'est attachée à optimiser la fonction initiale du greffon, c'est à dire des îlots. Les chercheurs ont donc optimisé chacune des étapes de la greffe, et en particulier la sélection des donneurs, la qualité du prélèvement et de la conservation du pancréas, l'isolement des îlots, et les modalités de la greffe. Afin d'augmenter le nombre de cellules administrées, les patients ont reçu deux ou trois injections d'îlots, sur une période de 3 mois en moyenne.

Cette étude débutée en 2003 a porté sur 14 patients (7 femmes et 7 hommes) atteints de formes sévères du diabète de type 1 et n'ayant plus aucune sécrétion résiduelle d'insuline. Agés en moyenne de 42 ans et le plus souvent diabétiques depuis plus de 25 ans, ces patients ne parvenaient pus à atteindre un équilibre glycémique satisfaisant malgré un traitement insulinique intensif par multi-injections quotidiennes ou a l'aide d'une pompe externe.

Apres 3 à 6 ans de suivi, 11 patients (79 %) gardent des îlots fonctionnels et un équilibre glycémique satisfaisant. Pour 8 d'entre eux (57 %) ce résultat est possible sans aucune injection d'insuline. Les 3 patients qui ont secondairement perdu leur greffon sont revenus à leur situation antérieure, après arrêt du traitement anti-rejet.

De tels résultats, observés au long cours chez la majorité des patients, n'avaient encore jamais été rapportés. Cette étude a également montré pour la première fois le rôle crucial de la fonction initiale des îlots sur leur survie à distance. En effet, tous les patients qui présentaient un équilibre glycémique optimal un mois après la greffe gardent aujourd'hui des îlots fonctionnels. Ces patients ont pourtant bénéficié d'un traitement anti-rejet classique. « Nos travaux montrent que la thérapie cellulaire du diabète est efficace et que la fonction initiale des cellules greffées est l'un des éléments clés de son succès durable. Pour l'instant, cette nouvelle approche thérapeutique reste cependant réservée aux formes de diabète les plus instables pour lesquelles le pronostic vital est engagé» précise François Pattou.

Inserm

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