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Le déluge en France est-il dû au changement climatique?

Après les inondations du début de l'été en Europe de l'Est, le déluge qui s'est abattu dimanche et lundi sur le sud de la France relance la question du lien avec le changement climatique, sur lequel les experts restent extrêmement prudents. "Le réchauffement climatique est là, et nous savons qu'il se traduira par une augmentation des événements violents, mais nous n'avons aucune certitude que ce qui arrive lui est déjà attribuable directement", explique Jean Jouzel, spécialiste du climat au Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE) à Saclay. Pour Patrick Galois, de Météo France, les pluies dans le sud-est sont "exceptionnelles mais pas inédites". Localement, il est tombé en 24 heures 680 mm (soit 680 litres d'eau par m2) sur le Gardon à Anduze, soit une année de pluie moyenne à Paris. Mais ce n'est pas un record absolu: en septembre 1900, il était tombé 950 litres par m2 au Mont Aigual, rappelle Météo France. Plus récemment, des inondations y avaient fait plusieurs dizaines de morts en 1958. Le Sud est coutumier des événements violents, comme l'attestent les inondations de Nîmes (octobre 1988), de l'Aude (novembre 1999) ou de Vaison-la-Romaine (Vaucluse, septembre 1992). Selon Météo France, les données statistiques ne font pas apparaître de recrudescence marquée. "Les statistiques de ces 50 dernières années montrent une augmentation de 2 à 4 % de la fréquence de la pluviosité exceptionnelle, ce qui est faible", précise Patrick Galois. Et de souligner qu'"un recul d'au moins 50 ans sera nécessaire avant d'établir un lien formel avec le réchauffement climatique". Pourtant, les experts qui travaillent sur le climat sous l'égide de l'ONU sont formels: le climat change à un rythme sans précédent, à cause de l'homme. La température moyenne à la surface du globe a augmenté de 0,6 degrés depuis le milieu du 19e siècle à cause des émissions polluantes issues de la combustion du pétrole, du charbon et du gaz. D'ici 2100, le thermomètre devrait grimper en moyenne de 1,4 à 5,8 degrés, avec une fréquence accrue d'événements violents: inondations, froids ou canicules, sècheresses et pluies intenses. Les modèles climatiques essaient de calculer les conséquences pour le climat. Mais ils manquent de précision, avec des "mailles" de 200 km à 300 km de large, trop lâches pour cibler telle région. Pour la France, on sait que l'hiver sera marqué par davantage de précipitations au Nord, et l'été par une sècheresse accrue au Sud, ce qui n'est d'ailleurs pas incompatible avec des épisodes de pluies brèves et violentes. Outre l'imprécision des modèles, les scientifiques butent sur la pauvreté des statistiques. "On dispose en gros d'une cinquantaine d'années de relevés fiables, c'est peu pour dire qu'un événement est exceptionnel à l'échelle de plusieurs milliers d'années", souligne Jean Jouzel. Toutefois, devant l'avalanche d'événements violents, les experts sortent peu à peu de leur réserve pour appeler à l'action. Un des dirigeants de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), Michel Jarraud, a appelé solennellement au sommet de la Terre les pays à mettre en oeuvre d'urgence des mesures de prévention. "Un dollar dépensé en prévention permet d'économiser jusqu'à 100 dollars de dégâts", a-t-il estimé. Selon lui, les inondations en Europe centrale "auraient fait plusieurs dizaines de milliers de morts il y a cinquante ans". Les systèmes d'alerte météo permettent d'éviter le pire. Reste à modifier nos habitudes, pour construire mieux, et plus loin des cours d'eau.

AFP : http://fr.news.yahoo.com/020911/202/2qxty.html

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