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Cornée artificielle : une lueur d'espoir

C'est un nouveau pas dans le défi des cornées artificielles. En greffant un modèle de cornée biosynthétique à dix patients, une équipe de chercheurs canadiens et suédois a amélioré la vision de six d'entre eux, avec deux ans de recul.

Membrane transparente située à l'avant de l'oeil, qui laisse passer la lumière vers la rétine, la cornée peut être atteinte par de nombreuses pathologies: infections, dégénérescences... Les lésions peuvent aussi être consécutives à un traumatisme, lors d'un accident ou d'une intervention chirurgicale - notamment pour la cataracte. Quelle que soit son origine, l'opacification de la cornée conduit à une baisse d'acuité visuelle. Dans le monde, les cécités cornéennes touchent dix millions de personnes, selon l'Organisation mondiale de la santé, c'est la quatrième cause de cécité sur la planète.

Les cas sévères relèvent d'une greffe, à partir d'un donneur décédé. Pratiquées depuis 1887 (ce furent les premières greffes de tissu réussies chez l'homme), elles obtiennent de bons résultats dans 50 à 90 % des cas, selon l'indication. La cornée étant quasiment dépourvue de vaisseaux et de cellules, le risque de rejet est relativement réduit. Il est prévenu par des traitements locaux. «Le problème fondamental de ces transplantations, c'est le déficit sévère de donneurs, qui laisse sans traitement environ 10 millions de personnes, et 1,5 million de nouveaux cas de cécité chaque année», soulignent May Griffith et ses collègues dans Science translational medicine.

Si la pénurie est cruciale dans certains pays, elle épargne relativement la France ces dernières années. Environ 3000 greffes de cornée y sont réalisées annuellement, «avec un temps d'attente inférieur à six mois», estime le Pr Gilles Renard, chef du service d'ophtalmologie de l'Hôtel-Dieu (Paris). Les auteurs de l'article pointent par ailleurs les risques d'infection par des virus ou des prions, à partir du donneur.

Pour éviter ces écueils, les chercheurs sont en quête d'alternatives aux greffes de cornées humaines, soit avec des prothèses, soit avec des tissus biosynthétiques mimant une ou plusieurs couches de la cornée. C'est cette voie qu'a choisie l'équipe de May Griffith, qui travaille depuis une dizaine d'années sur le sujet. En laboratoire, elle a reconstruit une couche de cornée à base de collagène humain. Les prototypes ont été greffés à dix malades, dont neuf étaient atteints de kératocône, une dégénérescence de la cornée qui se traduit par son amincissement et sa déformation progressive en cône.

Avec deux ans de recul, aucun rejet n'a été observé, sans aucun traitement. Et des cellules nerveuses ont repoussé dans l'implant, aboutissant, à «une cornée régénérée ressemblant à du tissu normal». Concrètement, la vision s'est améliorée chez six patients, avec une acuité visuelle au bout de vingt-quatre mois de l'ordre de 2/10e avec lunettes, 4,8/10e avec lentilles de contact. «Leur vision avec lentilles est équivalente à celle de patients ayant bénéficié d'une greffe cornéenne conventionnelle», insistent les auteurs, qui continuent à perfectionner leur prototype alors que de nouveaux essais sont prévus.

LF

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