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Edito : Comment l'humanité peut-elle éviter le "Deep Impact"

En juin 1908, une météorite explosa à 8000 mètres d'altitude dans le ciel de Sibérie occidentale. Le souffle de la déflagration coucha au sol tous les arbres sur une superficie de 2000 km² et l'onde de choc fut ressentie jusqu'à 600 Km. Malgré l'intensité de l'explosion, équivalente à celle d'une bombe nucléaire de 10 mégatonnes (environ 500 fois l'énergie de la bombe d'Hiroshima), la catastrophe de la Toungouska fit peu de victimes car elle toucha une zone très faiblement peuplée. Mais si cet objet - probablement un astéroïde d'une cinquantaine de mètres de diamètre - avait explosé au-dessus de Londres ou de Paris, les victimes se seraient comptées par millions.

Heureusement, les cataclysmes engendrés par une collision avec des géocroiseurs sont rares. D'après les calculs, la probabilité qu'un objet de 50 m du type Toungouska percute la Terre se produit tous les 100 à 300 ans. Un objet de 1 km, pour lequel cette probabilité se mesure en centaines de milliers d'années, pourrait rayer de la carte tout un pays. Mais l'improbabilité statistique d'une telle menace n'enlève rien à son caractère dévastateur et depuis une quinzaine d'années, la communauté internationale a décidé de réfléchir sérieusement aux mesures qu'il faudrait mettre en oeuvre si, malheureusement, il était avéré qu'un tel événement doive se produire dans un futur relativement proche. Il est en effet certain qu'une collision d'un astéroïde de grande taille avec la Terre se reproduira un jour, selon les astronomes, comme l'a montré en 1994 l'impact sur Jupiter de 21 fragments de la comète Shoemaker-Levy 9 après sa désintégration.

Les scientifiques pensent pouvoir dévier, en utilisant plusieurs solutions technologiques, la trajectoire d'un astéroïde pour éviter un impact catastrophique sur la Terre mais ils soulignent qu'à présent, c'est aux décideurs politiques du monde entier de prendre leurs responsabilités et de donner à la communauté internationale les moyens de faire face à un tel événement.

A l'occasion de la conférence annuelle de l'Association américaine pour la promotion de la science (AAAS) qui s'est tenue dans ces derniers mois à San Francisco , Edward Lu, un expert de la NASA, a expliqué qu'un petit vaisseau spatial de la taille d'un engin comme Apollo de la conquête de la Lune, pourrait en se plaçant devant ou derrière l'objet, modifier sa trajectoire par la simple force gravitationnelle. "Un petit bateau remorqueur finit par faire bouger un porte-avion s'il le tire suffisamment longtemps", précise-t-il.

« Cette méthode ne serait pas sensible aux propriétés physiques de la surface, ni à la structure interne et à la rotation de l'astéroïde. Le vaisseau aurait seulement besoin de rester en vol stationnaire, dans la direction du remorquage, tandis que l'astéroïde tournerait en dessous de lui. ». Selon Edward Lu, un vaisseau de 20 tonnes placé pendant un an au dessus d'un astéroïde de 200 mètres de diamètre pourrait le dévier de sa course pour au moins 20 ans.

Selon lui, ce remorquage gravitationnel est la seule méthode simple et efficace. Il souligne l'option du missile pour briser l'astéroïde qui pourrait avoir des conséquences désastreuses en créant plusieurs objets impossibles à contrôler. Quant à la possibilité de poser directement un vaisseau sur l'astéroïde, puis d'allumer les moteurs et de fournir une poussée suffisante pour modifier sa trajectoire, Lu fait remarquer que l'impulsion nécessaire pour le rendez-vous et la déviation de l'astéroïde dépasserait largement celles des fusées chimiques traditionnelles.

Bien que très improbable, une telle opération de sauvetage pourrait devenir nécessaire dès 2029 si la trajectoire de l'astéroïde Apophis était modifiée par son passage prévu cette année-là très près de la Terre (environ 32.000 km). Il pourrait alors revenir frapper notre planète en avril 2036. Cet objet de 300 mètres de diamètre peut détruire la moitié d'un pays de la taille de la France, selon ces astronomes.

Avec les deux nouveaux télescopes très puissants prévus, le Pan-STARRS à Hawaï et le Large Earth Telescope au Chili, les scientifiques seront en mesure de découvrir cent fois plus de ces objets baptisés NEO (Near Earth Object/objets proches de la Terre). Mais le plus grand nombre d'astéroïdes suivis conduira également à davantage de menaces potentielles pour notre planète, d'où la nécessité de mettre au point un plan international pour faire face efficacement à une éventuelle menace venue de l'espace et être en mesure de déclencher un processus de déviation de l'astéroïde plusieurs années avant le moment prévu de la collision.

Tel est l'objet du projet de traité international qui sera soumis à l'ONU en 2009 par un groupe d'experts de plusieurs pays a indiqué Russell Schweickart, président de l'Association of Space Explorers engagé dans ces discussions. Conscient du danger potentiel présenté par ces astéroïdes, le Congrès américain avait demandé à la NASA en 1998 d'établir dans les dix ans l'inventaire de 90 % des NEO d'un diamètre excédant un kilomètre. L'agence spatiale américaine, avec la collaboration d'astronomes professionnels et amateurs, a en répertorié 703 sur un total de 1.100 astéroïdes traqués dans notre système solaire. Reconnaissant que des objets beaucoup plus petits pouvaient provoquer d'immenses dévastations locales ou régionales, le Congrès a révisé sa demande fin 2005 et demandé à la NASA de cataloguer d'ici 2020 90 % de tous les NEO d'au moins 140 mètres de diamètre. On estime en effet qu'environ 20 000 de ces objets célestes inconnus de plus de 140 m de diamètre restent à découvrir.

La Terre, depuis ses origines datant de 4,5 milliards d'années, a été frappée à de nombreuses reprises par des astéroïdes et des comètes qui ont épisodiquement provoqué des extinctions massives des espèces comme les dinosaures après l'impact d'un de ces objets dans le Yucatan il y a 65 millions d'années. Rappelons que ce cataclysme, qui a causé le cratère de Chicxulub (180 kilomètres de diamètre), au large au Mexique, a été causé par le chute d'un astéroïde de taille moyenne : 9 à 10 kilomètres de diamètre. Sa vitesse a été estimée entre 30 et 50 kilomètres par seconde. Il a créé une vague qui est remontée sur 2.000 kilomètres à l'intérieur des terres, dans la plaine du Mississippi. Mais des objets bien plus petits peuvent également, selon leur composition et leur vitesse d'impact, causer des dégâts considérables, comme le célèbre Meteor Crater d'Arizona (1 kilomètre de diamètre) qui est le résultat de l'impact d'une météorite d'à peine 15 mètres de diamètre !

Quant à ceux qui pensent que le réseau actuel d'observation et de détection des astéroïdes nous met à l'abri de toute mauvaise surprise, les scientifiques leur rappellent que c'est loin d'être le cas. Le 14 juin 2002, l'astéroïde 2002 MN, d'un diamètre d'environ 80 mètres, est passé à 120 000 km seulement de la Terre soit moins d'un tiers de la distance Terre-Lune. Il n'a été repéré par les astronomes que... trois jours après son passage. Le 18 mars 2004, un petit géocroiseur, l'Aten 2004 FH, d'une trentaine de mètres de diamètre, baptisé 2004FH, est passé à 43.000 km seulement de la surface de la Terre, à 22h08 GMT, à peu près à la verticale de l'océan Atlantique Sud. Enfin, le 1er mars 2004, FU162, d'un diamètre de 6 mètres, découvert quelques heures seulement avant la rencontre, est passé à seulement 6500 kilomètres de la Terre. Aucun astéroïde n'avait été observé aussi près de la Terre sans qu'il n'entre dans l'atmosphère terrestre.

Un jour ou l'autre, l'humanité devra faire face à une telle menace. Il convient, sans faire de catastrophisme, de s'y préparer le plus sérieusement possible et de tout mettre en oeuvre pour qu'un tel événement ne débouche pas sur une catastrophe de grande ampleur pour notre planète.

René Trégouët

Sénateur honoraire

Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat

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  • HAMID

    23/05/2011

    J’ai vu quelques jours un film documentaire sur la menace des astéroïdes. J’ai remarqué que les savons qui s'intéressent au sujet proposent des solutions un peu irréalistes. On voyons le film documentaire il m'est venu à l’esprit une idée que je pense efficace et réaliste pour éviter notre planète ce cauchemar extraterrestre. L’idée est simple elle consiste à incorporé à l'astéroïde une certaine GOUVERNANTE similaire à celle des avions. Par conséquent on peut commander l'astéroïde on commandant à distance cette GOUVERNANTE comme si c’été un avion extra terrestre.

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