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Comment le cerveau résout-il le « dilemme du volontaire » ?

Comment un individu, placé dans un contexte particulier, décide-t-il qu'il doit ou non se sacrifier pour le groupe ? Lors de décisions collectives, les individus décident souvent de contribuer ou non à un avantage collectif si et seulement si un certain niveau de contribution est atteint.

Cependant, leur contribution est gaspillée s’il y a trop de volontaires, et le projet public échoue s’il n'y en a pas assez…. Ce dilemme social s’appelle le dilemme du volontaire. Un exemple classique de ce dilemme est le comportement adopté par les voisins de Kitty Genovese, une jeune femme assassinée en bas de son immeuble sans qu’aucun voisin n’intervienne alors qu’ils avaient entendu ses appels au secours (chacun pensant que d’autres contribueraient à la secourir).

De façon générale, dans un jeu à N personnes devant décider simultanément de se porter volontaire ou non pour le groupe, il existe un coût à se porter volontaire (e.g. C=2 euros). Si au moins une personne est volontaire, tous les non volontaires obtiennent un certain montant (e.g. X=10 euros) tandis que les volontaires reçoivent X-C (8 euros). Si personne n’est volontaire, chacun gagne seulement 2 euros. On observe classiquement que le taux de volontaires diminue drastiquement avec N (50 % pour N=2, 30 % pour N=6 et seulement 20% pour N=12).

Dans le dilemme du volontaire, l’utilité de la décision de l’un dépend de la décision des autres. Lorsque de telles décisions collectives sont prises à plusieurs reprises au sein d’un même groupe, il est donc crucial d’actualiser sa croyance relative à la décision des autres après chaque interaction.

En particulier, le cerveau doit calculer non seulement le bénéfice supplémentaire attendu de l’interaction immédiate, mais également le bénéfice potentiel que le groupe peut tirer des récompenses collectives des interactions sociales restantes après l’interaction en cours. Le cerveau pondère ensuite ces utilités individuelles et collectives pour choisir la stratégie optimale afin de maximiser les bénéfices totaux lors d’interactions sociales.

Ici, les chercheurs ont utilisé l’imagerie cérébrale et le jeu du dilemme du volontaire dans lequel les participants prenaient des décisions avec les mêmes membres d’un groupe à plusieurs reprises lors d'interactions sociales répétées. Le groupe n'obtenait des récompenses que lorsque qu’un certain nombre spécifique de membres consacraient leurs ressources.

Une telle règle incitait les individus à prendre des décisions sur le moment où ils devaient ou non engager leurs ressources. Chaque membre du groupe assignait donc des probabilités spécifiques à des stratégies de contribuer ou pas et la décision optimale variait de manière dynamique en fonction de sa croyance en la décision potentielle des autres.

Malgré l'omniprésence de la prise de décision collective dans la société, la façon dont le cerveau calcule ces utilités individuelles et de groupe reste peu comprise. Les résultats de cette recherche montrent que le cerveau calcule les utilités individuelles et collectives de contribuer ou non dans des régions cérébrales distinctes.

Une région antérieure du cerveau, le cortex préfrontal ventromédial, calcule l’utilité individuelle tandis que le cortex frontopolaire calcule l’utilité collective. De cette façon, la valeur de chaque état lors des interactions futures est mise à jour en fonction des changements de la croyance quant à la décision des autres.

Ces résultats permettent de comprendre les mécanismes cérébraux sous-jacents aux décisions collectives stratégiques. Cette étude a permis d’identifier les mécanismes cérébraux engagés lors de décisions collectives de contribuer ou pas à un bien public.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

CNRS

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  • Matthieu1

    25/04/2020

    Bonjour et merci pour ce super article sur le cerveau.
    Je lis régulièrement depuis de nombreuses semaines et j’apprécie la qualité de vos articles.
    Pour moi ce qui m'a permis de "contrôler" mon cerveau c'est grâce à cela : https://bit.ly/commentinfluencersoncerveauenmoinsde20min
    Je me permets de poster ici car cela m’a aidé moi ainsi que des milliers de personnes alors si je peux en aider d’autres.
    Merci et a bientôt sur d’autres articles.
    Matthieu J.

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