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Comment le cerveau apprend-il à lire ?

Comment le cerveau humain parvient-il à apprendre à lire et comment est-il transformé par cette nouvelle façon d’accéder au langage, non plus par les oreilles mais par les yeux ? Pour essayer de répondre à cette fascinante question, dix enfants en cours préparatoire sont venus à l'Institut NeuroSpin tous les deux mois pendant un an pour participer à toute une série d'expériences.

Les enfants ont regardé des images d’objets, maisons, visages, corps mais aussi des mots et des lettres dans une IRM. Ils devaient appuyer le plus vite possible sur un bouton quand « Charlie », le personnage de bandes dessinées, apparaissait. Chacune de ces catégories d’images activait une région visuelle spécialisée, comme chez l’adulte.

Dès fin novembre pour certains enfants, une région, qui répondait plus aux mots qu’aux autres images, devenait visible : la « boîte aux lettres ». Pour d’autres, cela prenait plus de temps et la réponse de cette région était proportionnelle à leurs performances en lecture. Un an plus tard, une fois la lecture de mots familiers automatisée, seules persistaient dans l’hémisphère gauche la « boite aux lettres » et la région de conversion des lettres en sons dans les régions temporales du langage oral.

Une fois la lecture automatisée, les chercheurs ont cherché à remonter le temps et étudier chez chaque enfant ce que faisaient ces régions, notamment la « boîte aux lettres », avant de se spécialiser pour la lecture. Est-ce qu’apprendre à lire déplace les spécialisations déjà acquises pour d’autres catégories visuelles ou la « boîte aux lettres » émerge-t-elle dans une région encore « libre » de toute spécialisation ?

A l'issue de ces recherches, c'est la deuxième hypothèse qui semble la bonne. L’équipe de recherche a également constaté que le développement de la lecture dans l’hémisphère gauche (l’hémisphère du langage oral) bloque le développement de la région qui répond aux visages dans cet hémisphère, contrairement à ce qui se passe dans l’hémisphère droit. Cette compétition entre mots et visages à gauche, et pas à droite, aboutit à l’augmentation de l’asymétrie hémisphérique chez les lecteurs par rapport aux illettrés et aux dyslexiques observés dans de précédentes études.

Nous apprenons donc à lire aux enfants à un moment de plasticité de cette région, qui augmenterait sa réponse aux visages dans le milieu naturel. L’éducation a donc spontanément découvert les fenêtres de plasticité offertes par le calendrier de maturation du cerveau humain pour permettre un apprentissage efficace.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

CNRS

PLOS

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