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Canicule de 2003 : les scientifiques dénoncent la responsabilité humaine

L'impact de l'activité humaine sur le climat a au moins multiplié par deux le risque d'été caniculaire comme celui de 2003, affirment des chercheurs dans la revue Nature. Etablir un lien de cause à effet aussi direct entre un évènement climatique et des changements induits par l'homme est très difficile en raison de la complexité des phénomènes climatiques et atmosphériques. Le caractère très exceptionnel de la canicule de l'été 2003 qui a étouffé toute l'Europe de l'ouest -du jamais vu depuis 5 ou 6 siècles- offrait cependant aux chercheurs un excellent terrain d'investigation. Peter Stott, Myles Allen et D. Stone ont fait tourner plusieurs modèles climatiques afin d'évaluer la probabilité qu'un tel été survienne.

Les chercheurs britanniques ont ainsi mis en évidence que l'action anthropogénique augmentait considérablement le risque de températures extrêmes. Selon ces scientifiques, qui publient une étude dans la revue Nature du 2 décembre, l'espèce humaine, par ses émissions de gaz à effet de serre dans l'atmosphère entre 1851 et 2003 "a au moins doublé le risque d'occurrence d'étés aussi chauds que celui de 2003 en Europe". Ces résultats pourraient influencer les discussions internationales sur les changements climatiques et ouvrir des boulevards aux juristes. Si une responsabilité directe peut être établie entre les dégâts provoqués par les changements climatiques et l'action de l'homme, pourquoi les victimes ne porteraient-elles pas plainte contre les fautifs, les Etats par exemple ? Etablit un tel lien est pour l'instant tabou, expliquent le physicien Myles Allen et le juriste Richard Lord dans un second article publié dans Nature. Si les études comme celles de Stott se multiplient, notamment grâce à des simulateurs de plus en plus puissants, le tabou finira peut-être par tomber.

"Notre analyse sur cent cinquante ans montre que les étés européens se réchauffent, en raison du changement climatique provoqué par l'homme", concluent les scientifiques. Réalisant une projection jusqu'à la fin du siècle, ils estiment aussi que "la probabilité d'étés dotés de températures moyennes supérieures à celles de 2003 augmente rapidement, de l'ordre d'un été sur deux jusqu'en 2040. A la fin du XXIe siècle, 2003 pourrait être classé comme un été anormalement froid en fonction des nouvelles conditions climatiques".

Serge Planton, responsable de la recherche climatique à Météo France, juge également l'étude de Nature très intéressante. Ses auteurs "ont réalisé une simulation à basse résolution, avec une grille aux mailles très larges (300 km), qui prend en compte une évolution sur une période de temps très longue. Mais ils se sont focalisés sur la période estivale et prennent en compte une région européenne, alors qu'on étudie habituellement le problème pour toute la planète ou pour la France".

Une simulation réalisée pour la France par Michel Déqué (Météo France) et Laurent Di (Laboratoire de météorologie dynamique) montre ainsi que la probabilité de voir la température dépasser 35 °C en été pourrait augmenter d'un facteur cinq à dix d'ici à la fin du siècle, jusqu'en 2070-2100.

Nature

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