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Une bactérie serait impliquée dans le cancer du côlon
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Voilà une nouvelle qui apporte du grain à moudre à l'hypothèse d'une origine infectieuse des cancers du côlon et du rectum. On savait déjà que des virus pouvaient être impliqués dans les processus tumoraux. Par exemple, le HPV (papillomavirus) est responsable des cancers du col de l'utérus et les virus de l'hépatite B et C sont en cause dans le cancer du foie. On a même identifié une bactérie (Helicobacter pylori) dans la genèse du cancer de l'estomac. La liste pourrait encore s'allonger. Selon les travaux publiés simultanément par deux équipes nord-américaines dans la revue spécialisée Genome Research, une bactérie habituellement peu répandue dans le tube digestif terminal, fusobacterium, est curieusement présente en abondance dans certains cancers du côlon.
L'équipe de Matthew Meyerson, à Harvard (États-Unis), l'a par exemple constaté en analysant l'intégralité du génome présent dans des carcinomes (cancer) colorectaux. «Nos résultats démontrent une association entre fusobacterium et les cancers du côlon. Cela soulève la possibilité que fusobacterium puisse jouer un rôle moteur dans la cancérogénèse», explique le Docteur Aleksandar Kostic (Harvard), premier signataire de l'article, avant de pondérer : «D'un autre côté, il est possible que fusobacterium s'accumule là après que la tumeur se soit formée». L'autre équipe de chercheurs, canadiens cette fois, a identifié la même bactérie, dans des échantillons congelés de tumeurs du côlon.
Le Professeur Jean-Philippe Merlio, chef du service de biologie des tumeurs au CHU de Bordeaux, reste prudent : «Pour dire qu'un cancer est lié à une bactérie, il faut non seulement une association mais aussi une preuve de la responsabilité de l'agent infectieux et avoir vérifié la possibilité de l'inhiber». Avoir isolé la bactérie dans une tumeur serait donc une condition nécessaire mais insuffisante ? «Pour démontrer le rôle causal de fusobacterium dans la cancérogénèse du cancer, s'il y en a un, on devra introduire la bactérie dans des souris et constater le développement de cancers du côlon. Il faudra ensuite prélever ces bactéries sur ces souris, les introduire dans d'autres et provoquer ainsi de nouveaux cancers du côlon», détaille le Docteur Kostic.
Cancérologue digestif et directeur de recherche d'une unité Inserm sur la chimiothérapie et la réponse immunitaire à Dijon, le Docteur François Ghiringhelli, n'écarte pas la possibilité que l'écologie bactérienne du côlon puisse être un facteur déclenchant de cancer : «Suivant l'alimentation, on pourrait modifier la flore intestinale et favoriser la carcinogénèse. Ici, c'est une bactérie qui pourrait jouer un rôle dans l'initiation ou le développement des cancers du côlon. Si cela se confirme, s'ouvriraient alors des perspectives thérapeutiques en éliminant la bactérie.»
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