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Des aimants contre la dépression

Confortablement assise dans un fauteuil rouge, la tête bien calée par la pièce métallique en forme de huit posée sur la partie gauche de son crâne, Mme E. S., 77 ans, discute tranquillement avec son médecin qui effectue les derniers réglages de l'appareil. De discrets «clic-clic» se font entendre. La séance de stimulation magnétique transcrânienne (rTMS) vient de commencer.

La bobine en huit est en fait un aimant. Il délivre des impulsions magnétiques qui se transforment en impulsions électriques au niveau d'une zone précise du cerveau de Mme E. S. Avec ce nouveau traitement de sa dépression, ajouté depuis deux mois à ses médicaments, elle dit ressentir enfin «une amélioration du moral».  Jusqu'ici, rien ne l'avait soulagée. Ni les antidépresseurs. Ni même les électrochocs, encore proposés dans les dépressions sévères et qui envoient de fortes décharges électriques au niveau du cerveau pour induire une crise convulsive. Une stratégie efficace, mais lourde, nécessitant une hospitalisation et une anesthésie générale. Rien à voir avec la rTMS, beaucoup plus légère.

«C'est une méthode de modulation de l'activité neuronale. Le principe est d'utiliser une région superficielle du cortex cérébral comme moyen d'action sur des structures cérébrales plus profondes, comme le système limbique, impliquées dans la dépression», explique le Dr Andrei Radtchenko, psychiatre, qui traite Mme E. S. dans son cabinet parisien. Il est pour l'instant l'un des rares praticiens en France à pratiquer la rTMS en libéral.

Quinze minutes et quelque 3000 impulsions électriques plus tard, la séance s'achève. «La rTMS m'a fait franchir un deuxième cap, raconte la patiente suivante ; une femme de 46 ans, dont vingt-cinq sous antidépresseurs. Le premier, c'était il y a quelques années grâce à un produit que je prends toujours. Auparavant, j'avais essayé sans grand succès à peu près tous les antidépresseurs commercialisés !»

Quasiment inconnue il y a dix ans, la stimulation magnétique transcrânienne est en pleine explosion. Entre 2003 et 2008, pas moins de 4000 articles scientifiques lui ont été consacrés dans la littérature internationale. Dépression, mais aussi hallucinations des schizophrénies, troubles obsessionnels compulsifs, douleurs chroniques, Parkinson, épilepsie, rééducation des attaques cérébrales, et même acouphènes... Des essais cliniques sont en cours dans de multiples pathologies, en ciblant différentes aires cérébrales.

Dans la dépression, une pathologie dont souffrent 15 à 20 % des individus au cours de leur vie, la rTMS est proposée en cas de résistance aux antidépresseurs. Des effets favorables plus ou moins marqués sont constatés dans 30 à 50 % des cas. «Les résultats peuvent se faire sentir en quelques jours, mais il existe des non-répondeurs, comme pour tous les traitements de la dépression », insiste le Dr Radtchenko. Le taux de rémission complète est de l'ordre de 15 %, selon une récente étude américaine incluant 200 malades. Un résultat à première vue modeste, mais trois fois supérieur à la bobine placebo, et loin d'être négligeable pour des patients résistants aux antidépresseurs et dont la souffrance est intense.

LF

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