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Le Japon va explorer les entrailles de la Terre !

Une équipe de scientifiques dirigée par des Japonais va explorer les entrailles de la terre à des profondeurs jamais atteintes en espérant une avancée décisive dans la prédiction des séismes les plus dévastateurs, qui menacent notamment Tokyo à chaque instant. Le Japon, qui se trouve à la jonction de quatre plaques tectoniques, enregistre environ 20 % des tremblements de terre les plus violents dans le monde.

Le Chikyu (terre en japonais), un navire d'exploration sous-marine de 57.500 tonnes sorti du chantier en juillet, a fait escale dans le port de Yokohama (sud de Tokyo) à l'issue d'une première mission expérimentale dans les fonds marins du Pacifique. Le navire, qui a coûté 415 millions d'euros, lancera en septembre 2007 ses forages à grande échelle afin de recueillir les premiers échantillons du manteau terrestre jamais collectés. Quelque 150 personnes participeront à ce premier "Voyage au centre de la terre", tel que l'avait imaginé l'écrivain français Jules Verne au XIXe siècle.

Les chercheurs espèrent que les prélèvements du manteau terrestre livreront des informations sur les organismes primitifs, prémices de vie sur la planète, ainsi que sur le mouvement des plaques tectoniques à l'origine des séismes. Ce projet s'inscrit dans un programme international d'exploration océanique dirigé par le Japon et les Etats-Unis, auquel participent la Chine et douze nations européennes. "C'est un projet équivalent au Projet Apollo, sauf qu'il est souterrain", souligne l'un des scientifiques impliqués, Kan Aoike, en évoquant le programme américain de la conquête lunaire.

L'idée d'explorer les entrailles de la terre "avait germé il y a un demi-siècle mais avait échoué en cours de route, tandis que le Projet Apollo a été de son côté couronné de succès", a souligné M. Aoike. "Il s'agit donc de la seconde tentative sérieuse pour mener à bien une autre exploration-clé pour l'humanité", a-t-il ajouté.

Equipé d'un satellite, le Chikyu dispose un mât de forage de 121 mètres de haut capable de sonder à 7.000 mètres sous les fonds marins, soit trois fois plus profondément que les précédents navires du même type. "Ces (échantillons) peuvent nous donner différentes indications sur les évolutions climatiques, la position des continents, l'historique de la flore terrestre et le potentiel des fonds pétroliers", énumère Daniel Curewitz, un chercheur américain.

Mais le Japon tient particulièrement au forage des zones où les plaques tectoniques se chevauchent afin de pouvoir surveiller les séismes, souligne de son côté le chef de projet, Asahiko Taira. "J'espère que cette expérience contribuera à la prédiction des tremblements de terre, ce qui constituerait une avancée capitale pour la sismologie. Même si nous n'y parvenons pas, nous pouvons au moins collecter des données précoces sur la première secousse d'un séisme", a-t-il assuré. Tokyo, la plus grande mégalopole du monde, est à tout moment susceptible d'être frappée par un séisme majeur qui, le cas échéant, pourrait faire jusqu'à 13.000 morts, selon les études gouvernementales les plus récentes.

Pour sa première mission expérimentale, l'équipe du Chikyu a choisi des fonds sous-marins situés à 600 kilomètres au sud-ouest de Tokyo où, selon des experts, est prévu un séisme d'une magnitude de 8 sur l'échelle ouverte de Richter. En 1944 et 1946, plus de 2.000 Japonais trouvèrent la mort lors de deux violentes secousses suivies de tsunamis, dont l'épicentre avait été localisé dans cette région, point de friction entre deux plaques tectoniques, connu sous le nom de "dépression Nankai". Le Chikyu pourrait également explorer les abysses au large de Sumatra (Indonésie) d'où a surgi il y a un an le tsunami qui a dévasté les côtes des pays riverains de l'océan Indien.

MSM

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