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Fibre optique : comment combler le retard français ?

Malgré les promesses du gouvernement (100 % de la population couverte d'ici 4 ans) et les déclarations des opérateurs, les déploiements de fibre optique jusqu'à l'abonné (FTTH) sont encore loin des objectifs. Selon le dernier Observatoire du régulateur, sur le 2e trimestre, 1 210 000 logements sont éligibles et on compte 155 000 abonnements contre 138 000 trois mois plus tôt. Pour les élus des grandes villes et agglomérations qui se sont réunis à Marseille le 18 octobre dernier, le rythme des déploiements est trop lent. Avec 1,2 million de foyers éligibles FTTH, la France est en 17e position du classement européen du FTTH Council, très loin derrière les pays asiatiques.

Les élus rappellent qu"au printemps 2011 les opérateurs ont annoncé desservir en FTTH 3 600 communes d’ici 2015 correspondant aux principales agglomérations françaises. Des engagements qui ne sont cependant assortis d’aucunes obligations précises et qui empêchent, en attendant la fibre, la mise en œuvre de mesures locales de montée en débit sur le réseau ADSL.

Les deux associations entendent désormais faire pression sur les pouvoirs publics afin d'être mieux écoutées et surtout plus informées. "Les élus veulent connaître, quartier par quartier, les déploiements effectifs des opérateurs et disposer des modalités techniques et financières de raccordement des zones de faible densité (pavillons, immeubles de moins de 12 logements), qui peuvent représenter plus de la moitié de leur territoire", poursuivent-elles.

Les élus veulent également "être pleinement associés à l’élaboration et à la signature des schémas régionaux ou départementaux d’aménagement numérique, afin que leurs propres schémas d’aménagement y soient intégrés." Les agglomérations qui exercent la compétence aménagement numérique "doivent être reconnues comme interlocuteurs à part entière par l'ARCEP, le gouvernement, le législateur et les opérateurs".

Pour accélérer le mouvement dans les zones peu denses, l'enjeu est de trouver des financements car les investissements publics (750 millions d'euros) sont loin d'être suffisants. Concrètement, sur un total de 23,5 milliards d'euros pour fibrer 98 % des foyers, les besoins publics sont de 12,9 milliards sur 15 ans, soit 860 millions d'euros par an. L'Etat doit alimenter un fonds tiré du grand emprunt à hauteur de 750 millions. Ensuite, les collectivités devraient investir au minimum 150 millions d'euros par an, auxquels s'ajoutent 50 millions par an de la part de l'Europe. Le calcul est simple, il reste à trouver 660 millions par an.

"Le compte n'y est pas", s'alarme Hervé Maurey, sénateur Nouveau Centre de l'Eure chargé de mission sur ce sujet. "La France est en train de rater le virage du très haut débit. Si on ne fait rien, ce retard sera irréversible", poursuit-il dans un rapport d'information présenté en juillet dernier. Et de lister ses propositions pour trouver des pistes de financement : exploiter une partie de la hausse de la TVA sur les abonnements triple play, augmenter légèrement les abonnements, utiliser les fonds destinés au renouvellement du réseau cuivré...

Reste que c'est tout le modèle qui est remis en cause. "Selon moi, le dispositif actuel n'est pas pertinent. Dans un ou deux ans, un bilan s'imposera et débouchera sur une alternative. Comment les zones peu denses pourraient-elles être couvertes alors que les opérateurs n'ont aucune obligation d'y aller ?", s'interroge-t-il.

De son côté, la Commission européenne opterait pour un remède de choc : dégrader l'attractivité de l'ADSL pour inciter les opérateurs de réseaux à investir plus massivement dans la fibre. L'idée serait donc de baisser drastiquement ce coût réduisant de fait la rente ADSL que touchent les opérateurs de réseau. Une baisse que réclament d'ailleurs depuis longtemps les alternatifs. Autre piste : conditionner le maintien du prix par ligne en échange d'engagements "crédibles" dans les déploiements FTTH.

ZDNet

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